Hydro-Québec achète un quadrilatère du centre-ville de Montréal pour construire un «mégatransformateur»
Le projet n’aura pas lieu à BAnQ comme prévu, mais chez les Sœurs de la Miséricorde
Julien McEvoy
Hydro-Québec a fait l’acquisition du complexe patrimonial des Sœurs de la Miséricorde pour 15 millions de dollars et abandonne définitivement le terrain de la Grande Bibliothèque face à l’opposition massive des derniers mois.
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Après le tollé soulevé par son projet de «mégatransformateur» près de BAnQ dans le Quartier latin, Hydro-Québec jette maintenant son dévolu sur l’ancien hôpital du centre-ville. La société d’État fait l’acquisition du quadrilatère complet de 12 000 m2 situé entre le boulevard René-Lévesque et la rue De la Gauchetière.
«La pause qu’on a prise au printemps nous a permis de retourner à l’essentiel et de se dire: “Faisons abstraction des pratiques établies à Hydro-Québec”», a expliqué Graham Fox, vice-président, en conférence de presse, mardi. Cette réflexion a mené la société d’État à élargir sa zone d’analyse à un kilomètre du poste actuel, contre 500 mètres auparavant, et à analyser huit sites potentiels.
«Peu importe où on se retournait, on allait déranger quelqu’un», a précisé le porte-parole. L’équipe de projet a accouché d’une première chez Hydro: un «poste pivot» pour remplacer deux projets, soit les futurs postes Berri et Dorchester.
Le concept permet d’alimenter le Quartier latin ou le secteur Dorchester selon les besoins, tout en modernisant peu à peu les installations existantes. «Environ 4 kilomètres de conduits souterrains» devront être reconfigurés, a confirmé la directrice de projet Marie-Julie Archambault, en qualifiant l’approche de «beaucoup plus avantageuse» que la multiplication des sites.
Un site chargé d’histoire et de projets
L’ancien hôpital, construit à partir de 1853 par les Sœurs de la Miséricorde, a servi de maternité pour mères célibataires jusqu’en 1973, puis a abrité le CHSLD Jacques-Viger jusqu’en 2012. Abandonné depuis, le complexe patrimonial suscite des réactions mitigées.
«Notre histoire va s’effacer doucement», s’est inquiétée mardi Jacinthe Lavoie, une Québécoise née dans cette maternité. «J’aurais bien aimé visiter cet endroit où j’ai passé quelques semaines de ma jeune vie», a témoigné Nicole Théoret dans le même groupe Facebook d’entraide pour personnes adoptées.
Le regroupement «Quadrilatère de la Miséricorde» milite depuis 12 ans pour que le site accueille 90 logements sociaux et des espaces communautaires. Hydro-Québec s’engage à «collaborer avec les promoteurs et les intervenants du milieu» pour maintenir une composante de logement abordable, sans nécessairement l’intégrer au quadrilatère même.
Une crédibilité à construire
«Le nouveau projet devra s’intégrer harmonieusement au milieu et obtenir une réelle acceptabilité sociale», a indiqué mardi au Journal Luc Rabouin, chef de Projet Montréal et candidat à la mairie.
Hydro-Québec promet un concours architectural pour intégrer le futur poste, qui occupera environ 50% du terrain. Les éléments patrimoniaux feront l’objet d’une «étude détaillée» et des «travaux archéologiques complets» sont prévus.
La consultation publique débutera cet automne, après des rencontres préliminaires avec 40 individus représentant 24 organismes.
Les travaux devraient débuter en 2030 pour une mise en service en 2034, remplaçant définitivement le poste Berri vétuste et répondant aux besoins croissants liés à l’électrification des transports et à la décarbonation des bâtiments.
L’avis de l’expert en patrimoine
La transaction est-elle une bonne nouvelle? Nous avons demandé à Dinu Bumbaru, chez Héritage Montréal depuis 43 ans. «En partie, oui. Le site redevient public et Hydro a les moyens de bien faire les choses. Hydro reconnaît que le patrimoine est une condition du site avec laquelle son projet devra composer et s’engage à travailler avec des experts dans le domaine. Il faudra qu’Hydro-Québec démontre plus concrètement son engagement. On connaît ça, les belles intentions dans le domaine du patrimoine.»
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