Ssense et le Groupe Atallah en graves difficultés

Martin Jolicoeur et Julien McEvoy
Lâchés par ses prêteurs le Groupe Atallah et sa plateforme de commerce de vêtements griffés, Ssense, s’apprêtent à recourir à la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).
L’information a été communiquée aux employés du Groupe Atallah ce jeudi, par un mémo dont Le Journal a obtenu copie. Par courriel, la direction de la très secrète entreprise familiale a par la suite confirmé au Journal la situation, mais sans répondre à nos questions.
Selon la version présentée aux employés, signée par son chef de la direction, Rami Atallah, l’entreprise montréalaise se voit contrainte de composer avec la grogne de ses principaux bailleurs de fonds réunis.

Ces derniers, dirigés par la BMO selon Bloomberg, se seraient adressés à la Cour supérieure au cours des derniers jours, pour entamer des procédures judiciaires en vue de liquider l’entreprise et de récupérer au plus vite les fonds dus.
L’importance de ce manque à gagner, soit le total des dettes du détaillant à ses multiples créanciers, demeure inconnue. Cette information cruciale, au cœur de la tempête qui frappe aujourd’hui l’entreprise montréalaise, devrait être rendue publique rapidement.
De New York, la directrice des communications de l’entreprise, Olive Leatherwood, nous a expliqué que l’entreprise s’oppose fermement à la requête de ses prêteurs et qu’elle prépare une contre-requête par laquelle elle demandera à son tour la protection des tribunaux, en vertu de la Loi.

Le tout, résume le PDG aux employés, «afin de protéger l’entreprise, conserver le contrôle de [ses] actifs et opérations, et défendre [son] avenir». Aux dernières nouvelles, celle-ci est toujours dirigée par ses trois fondateurs, qui sont les frères Rami, Bassel et Firas Atallah.
Afin de tâter le pouls des employés, Le Journal s’est rendu jeudi à la boutique SSense de la rue Saint-Sulpice, dans le Vieux-Montréal. Sur place, un jeune commis nous a répondu avoir vaguement entendu parler d’un mémo, sans trop s'inquiéter pour la suite.
De son côté, sa gérante a surtout tenté de relativiser la situation: «On n’est pas bankrupt [sic]. C’est sûr que c’est difficile. C’est sûr qu’on est une grosse business montréalaise. Mais on continue d’opérer. C’est du business as usual. On s’occupe de répondre à nos clients, de rassurer nos équipes. On fait de notre mieux.»

Les deux demandes, celles des prêteurs et du clan Atallah, devraient être entendues dans les prochains jours. D’ici là, l'entreprise dit poursuivre ses activités et préparer un plan de restructuration; ce qui implique habituellement d’importantes mises à pied.
«La suite dépendra du jugement dans le cadre des procédures de la LACC, mais notre détermination demeure inébranlable», écrit Rami Atallah.
– Avec Michaël Nguyen et Nicolas Brasseur, Bureau d'enquête
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