Spectaculaire, le nouveau Théâtre de Verdure du parc La Fontaine
Notre chroniqueur a visité le nouveau Théâtre de Verdure du parc La Fontaine en compagnie de son architecte


Louis-Philippe Messier
À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Enfin, le parc La Fontaine vient de retrouver une partie de son âme !
Le Théâtre de Verdure, lieu culturel qui animait ses soirées depuis 1956, renaît sous une nouvelle incarnation... et le grand public accoure à ces spectacles gratuits.
Pour sa reconstruction, le nouveau théâtre a été fermé pendant huit exaspérantes années.
Pendant le chantier, l’étang Nord du parc était réduit à l’état de bac à gravier mal herbu.
La fontaine hors service faisait office d’urinoir et de canevas à graffitis.
Mais enfin, les travaux sont finis, et le résultat est ébahissant.
Difficile de réprimer une exclamation admirative devant ce gigantesque rectangle en presqu’ile, séparé des gradins par un bras d’eau.
«Une partie du public peut apercevoir le reflet inversé des artistes», m’explique un technicien à qui je parle sur place.

Étonnamment grand
Il faut s’approcher du théâtre, devant lequel peuvent se tenir 2300 personnes, dont 1500 dans les gradins de bois, pour prendre la mesure de sa taille.
«Le bâtiment est rectangulaire, mais la scène est trapézoïdale, alors ça dégage des espaces triangulaires sur les côtés que le public ne peut pas voir mais où les artistes peuvent se préparer, et au fond desquels se trouvent les loges», m’explique Maria Benech, l’architecte en charge de ce projet avec la firme Lemay, avec qui je visite le site.
La grande différence entre le théâtre version 1956 et celui-ci, c’est l’absence de mur au fond de la scène. C’est ouvert sur l’étang.
«J’ai voulu que le bâtiment soit le plus désincarné possible pour qu’il se fonde dans le décors et en ouvrant le fond, c’est le parc lui-même qui est en spectacle quand il ne se passe rien sur scène», raconte Mme Benech.
«L’intérieur du rectangle est noir, comme dans une scène intérieure, et l’extérieur, ainsi que les gradins, sont pâles.»
Mme Benech rêve que sa création en vienne à servir toute l’année.
«Ça a été conçu pour une utilisation les quatre saisons, j’espère que ce sera un jour le cas et que des spectacles hivernaux se tiendront ici.»
Pour l’instant, la saison 2022 se termine le 25 août avec Les Grand Ballets.
Comme avec le Théâtre de Verdure précédent, tous les spectacles sont gratuits.

Inquiétude
Je ne vous cache pas mon admiration pour ce bâtiment magnifique. Mais combien de temps avant les premières éclaboussures de peinture et les dégradations?
Sa splendeur virginale actuelle risque de ne pas durer.
Les techniciens sur place lors de ma visite m’ont exprimé leur amour de ce nouveau bâtiment, mais aussi les petites imperfections à corriger.
Ce théâtre est la seule scène extérieure permanente au Québec. Cela ne va pas sans poser quelques défis inédits.
Il faudrait plus d’anneaux d’accroche pour fixer les rideaux au sol.
Et on ne sait pas encore quel vent la toile de projection cinématographique peut supporter.
À moins qu’une représentation soit en préparation, le site est toujours accessible.
«Les gens peuvent pique-niquer dans les gradins, ça fait pleinement partie du parc!» s’enthousiasme Mme Benech.