L’improbable cabaret comique fête ses 15 ans
L’équipe du Cabaret Bio dégradable offre des soirées désopilantes à partir d’autobiographies de vedettes


Louis-Philippe Messier
À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Le producteur serre ma main et ouvre la mallette qui contient son butin : une douzaine de livres défraîchis, sur lesquels je reconnais les bouilles de Maurice Mad Dog Vachon, Michel Girouard et Danielle Ouimet.
Le Cabaret Bio dégradable a beau exister depuis 15 ans, il n’a jamais rempli le Centre Bell.
À ceux qui ne connaissent pas déjà, je résume le concept : des acteurs lisent des extraits d’autobiographies de vedettes québécoises choisis pour leur drôlerie involontaire...
Et la salle croule de rire.
« C’est un des rares spectacles où je dois parfois arrêter mon numéro pour m’assurer qu’une spectatrice qui rit trop fort depuis longtemps va bien et qu’elle peut reprendre son souffle », raconte Kim Lavack-Paquin.
« Avant de recommencer à lire, je demande : ça va, madame ? »

Passages désopilants
L’acteur me lit des extraits de l’autobiographie de Michel Girouard qui fulmine contre la bisexualité « maléfique » et d’Éliane Gamache-Latourelle (dite la « jeune millionnaire ») qui discute des divergences anthropologiques entre les sexualités masculine et féminine.
Ces passages sont tellement désopilants que, oui, ça déclenche le rire !
Est-ce justement parce que l’humour de ces livres est involontaire qu’il s’avère si drôle ?
« Beaucoup d’humoristes professionnels ont assisté au spectacle, et ils me disent ensuite quelque chose comme : c’est injuste, nous, on se fend en quatre pour écrire de bonnes blagues et pour les tester, et vous êtes encore plus comique en lisant des livres qui étaient même pas censés être drôles ! » me dit Didier Morissonneau, le producteur du cabaret.
Formule simple
Le Cabaret Bio dégradable est un peu le contraire d’un spectacle comme Les Misérables : il n’y a pas d’orchestre ou de chant, d’acrobaties ou de steppettes, et pas de costumes.
Contrairement aux spectacles d’humour qui se targuent d’offrir des blagues inédites, ici rien n’a été inventé, et rien n’est même censé être une blague.
« J’étais loin de penser que mon concept continuerait de fonctionner même après 15 ans », confie M. Morissonneau.
Le plus difficile, pour le renouvellement du spectacle, c’est la prospection.
« Je dois lire dix livres avant d’en trouver un qui contient des bouts qui peuvent servir. »

Seule autobiographie étrangère du cabaret, celle de Julio Iglesias figure au programme parce qu’il s’agit, selon M. Morissonneau, d’un chef-d’œuvre de narcissisme burlesque.
« On pourrait juste lire ça pour faire rire les gens pendant des heures », dit le producteur.
La biographie de Mad Dog Vachon amuse en raison de son langage fleuri très Canada-français-des-années-1940, celle de France Castel en raison d’erreurs d’édition qui font qu’elle répète constamment les mêmes choses, celle d’André Montmorency en raison du trop-plein de détails salaces, etc.
« Chaque autobiographie que nous utilisons est comique pour des raisons différentes », dit M. Morissonneau.
♦ Le Cabaret Bio dégradable revient ce vendredi à Montréal au Lion d’Or (de retour le 27 avril), puis il se produira à Bromont en février et avril.
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