«S’ouvrir autant, ça donne le vertige»: Stéphanie Boulay lance son deuxième album solo

Sarah-Émilie Nault
Stéphanie Boulay s’est posé une multitude de questions existentielles au cours des deux dernières années. De sa profonde remise en question est né Est-ce que quelqu’un me voit?, son deuxième album solo, mais le seul, admet-elle, qu’elle se sent véritablement prête à porter.
Pour Stéphanie Boulay, le titre de son nouvel opus a plusieurs significations. Pour elle, demander «Est-ce que quelqu’un me voit?» veut aussi dire «Est-ce que quelqu’un me comprend ou se sent comme moi?», «Ai-je un but?», «Suis-je importante pour quelqu’un?» et même «Est-ce que quelqu’un me comprend entièrement et est prêt à m’accepter sans compromis?».
À toutes ces questions, la chanteuse et musicienne de 37 ans a malheureusement toujours cru que la réponse était non. «C’est de cela que parle mon album», souffle-t-elle.
Si on a envie de lui faire un long câlin après l’écoute de sa nouvelle œuvre, c’est qu’elle s’y dévoile dans toute sa vulnérabilité en abordant des sujets vertigineux sans filtre: le deuil de la maternité, le célibat à 35 ans et plus, la rupture amoureuse et le défi de vieillir pour une femme dans l’industrie de la musique et dans le monde.
«Quand j’ai commencé à écrire, il me restait juste ça dans la vie, à part mon chien et mes amis. J’ai compris le propos et la mission de l’album après que plusieurs tounes sont nées. J’étais arrivée à un endroit où je me demandais: je suis qui? À quoi je sers? C’est quoi le but de ma vie?», explique la moitié du populaire duo Les sœurs Boulay.
L’auteure-compositrice-interprète admet qu’elle n’aurait jamais osé dire à quelqu’un, à voix haute, une grande partie des paroles qu’elle livre ici en chansons. C’est le cas pour la pièce Je ne suis plus personne qui relate des moments troubles passés dans sa chambre à se mesurer les bras, les jambes et le reste du corps et à angoisser à propos de la nourriture. Ou encore de la chanson Si l’essentiel c’est d’être aimé (un clin d’œil au titre popularisé par la grande Ginette Reno) dans laquelle elle s'interroge sur le sens de sa vie, si personne ne l’aime.

Merci à la musique
Pour Stéphanie Boulay, la création de cet album mélancolique et doux fut thérapeutique. Mais attention, elle précise que ce disque porte sur la perte de soi et non sur la tristesse de la perte d’une relation.
«Pour la reconstruction, cela prenait un regard très franc sur moi-même, et pour moi, c’était vraiment un processus réparateur et lumineux», assure la chanteuse originaire de New Richmond, en Gaspésie.
Même si elle a une peur bleue «de dire des choses qui sont clichées», l’artiste confie ressentir beaucoup de gratitude envers la musique. Car celle-ci agit pour elle comme une soupape, un moyen d’expression, de même qu’une manière d’échanger avec les gens afin que tous se sentent moins seuls.
«J’avais besoin de cette connexion avec le monde. J’espère que mon album sonne aussi comme un câlin vers l’extérieur, car c’est un peu ça, mon intention», précise la nouvelle amoureuse en affirmant se sentir aujourd’hui épanouie.
Quant à un retour possible du duo Les sœurs Boulay (avec sa frangine, Mélanie), il y en aura assurément un, dit-elle. Lorsque la vie leur fera savoir que c’est le bon moment.
-L’album de Stéphanie Boulay, Est-ce que quelqu’un me voit?, est sur les plateformes.
