Souverainistes, ne soyez pas naïfs!


Joseph Facal
Rien n’est jamais sûr en politique, mais le PQ pourrait fort bien prendre le pouvoir dans un an.
L’élan dont il jouit attire des tas de gens désireux de plonger: des idéalistes sincères, des ambitieux, des vire-capot, rien d’inhabituel.
Ils ont peu ou pas d’expérience politique puisque le PQ remporta sa dernière victoire majoritaire en 1998.
Biaisés
Une chose me frappe quand je les entends: leur naïveté face aux médias.
C’est comme s’ils cherchaient leur approbation, comme s’ils espéraient recevoir d’eux un sceau de respectabilité.
Beaucoup de jeunes qui aspirent à faire le saut en politique ont été socialisés dans un écosystème médiatique dont ils reprennent inconsciemment les catégories mentales.
Ils devraient se débarrasser de la moindre illusion à cet égard et le plus vite sera le mieux.
Il y a certes une poignée de chroniqueurs souverainistes, il y a aussi des reporters objectifs et honnêtes, mais le PQ ne devra pas se faire trop d’illusions.
Nous savons où logent Radio-Canada et La Presse depuis toujours.
Le mandat de Radio-Canada dit notamment, en toutes lettres, que la société d’État doit «contribuer au partage d’une conscience et d’une identité nationales» et «refléter le caractère multiculturel et multiracial du Canada».
Voilà qui est parfaitement clair.
Le Devoir, hormis pour une poignée de plumes qui avancent en âge, a pris un évident virage gauchiste, multiculturaliste et woke.
Les chroniqueurs d’obédience fédéraliste reprendront évidemment du service.
Vous parlerez d’immigration? On fera de vous un intolérant, un «fermé», un insensible au «manque de main-d’œuvre».
Vous parlerez d’économie? Quoi, vous ne pouvez prévoir la conjoncture en 2032?
Certains journalistes sur le terrain, eux, auront le choix de couvrir un événement ou de l’ignorer et, s’ils le couvrent, ils choisiront la manière dont ils le traiteront.
À quelques mois du référendum de 1995, Jacques Parizeau ne se faisait questionner que sur un seul sujet: le départ des Nordiques.
PSPP parlera du contenu concret de la souveraineté? On le questionnera sur la date du référendum ou sur les problèmes à l’hôpital X.
Dans notre écosystème, une chroniqueuse ne sourcille pas quand elle se fait dire que si des musulmans ont choisi de prier devant la basilique Notre-Dame, c’est parce qu’il y a une station de métro juste à côté.
Force
Redisons ce qui devrait être une évidence: nous sommes dans un univers médiatique dans lequel des éléments importants défendront le régime canadien.
Bref, les souverainistes ne devront compter que sur leur force de caractère et celle de leur projet.
Ils devront s’endurcir et chasser toute naïveté.