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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Sous Trump, les États-Unis deviennent un État voyou

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Photo portrait de Luc Laliberté

Luc Laliberté

2025-02-12T16:30:00Z
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Généralement, un État voyou est celui qui ne respecte pas le droit international et qui, par certaines actions comme le développement d’une arme de destruction massive, représente une menace pour la paix entre des alliés ou sur l’ensemble de la planète. 

Aux États-Unis, l’expression était réservée pour Cuba, la Syrie, la Corée du Nord, la Lybie ou encore l’Iran.

Cependant, plus j’observe et écoute le 47e président, plus je me dis qu’on devrait ajouter les États-Unis à cette liste.

Ça commence à la maison

Avant que Donald Trump ne menace ses alliés et qu’il lance cavalièrement l’idée de s’approprier la bande de Gaza, le chef de l’exécutif, son vice-président et son acolyte Elon Musk ébranlaient les colonnes de l’édifice constitutionnel américain.

Après avoir propagé la désinformation suite à la défaite de 2020, il avait encouragé ses partisans à marcher sur le Capitole pour empêcher la certification du résultat.

De retour à la Maison-Blanche, il outrepasse ses pouvoirs en empiétant sur ceux du Congrès et de nombreux juges interviennent dans d’autres dossiers pour suspendre certaines mesures ou carrément pour les bloquer.

La déclaration la plus étonnante et la plus choquante est venue de son vice-président, J.D. Vance. Il a affirmé que même si la Cour suprême bloquait le président, celui-ci n’aurait qu’à répondre: «La Cour suprême s’est prononcée, qu’elle vienne m’arrêter maintenant.»

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L’ensemble de «l’œuvre» va provoquer une crise constitutionnelle et nous n’avons jamais eu d’attaques aussi frontales à l’État de droit ainsi qu’à la séparation des pouvoirs.

Une menace au droit international

Au plan international, Donald Trump a répété des menaces à l’endroit des alliés. S’il allait de l’avant avec le Panama, le Groenland et le Canada, Donald Trump placerait l’OTAN dans une position très inconfortable.

Les membres se doivent d’intervenir si un des membres est attaqué. Comment se comporterait-on si l’État menacé l’était par un autre pays membre? Si vous connaissez la réponse, je serais curieux de la connaître.

Malgré tout ce qui précède, rien n’est plus surréaliste que ce que nous avons entendu mardi alors que Donald Trump recevait le roi de Jordanie Abdallah II. Ce dernier devait réagir aux pressions exercées par Donald Trump.

Soit il accueille des Palestiniens que l’Américain veut relocaliser illégalement, soit il risque d’être privé de 1,5 milliard d’aide américaine.

Il est donc placé devant un choix impossible. Il coopérerait à une opération de nettoyage ethnique ou il plonge son pays dans une crise.

Interrogé sur l’autorité qu’il invoquerait pour déplacer sans jamais les consulter, plus d’un million de Palestiniens, le président a simplement répondu qu’il le ferait. Aussi simple que ça.

Si les champions autoproclamés de la démocratie dans le monde peuvent agir ainsi avec un territoire qui ne leur appartient pas et qu’ils peuvent disposer de ses habitants cavalièrement en les imposant à d’autres pays, que va-t-on reprocher aux régimes autoritaires de la planète?

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