Soudan : au moins 27 morts à l’aéroport de Kassala selon un collectif soudanais

Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), en guerre contre l'armée au Soudan depuis plus de deux ans, ont frappé samedi l'aéroport de Kassala, ville frontalière avec l'Érythrée, située loin de leurs positions, dans l'est du pays, a indiqué samedi une source gouvernementale.

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Ces dernières semaines, les paramilitaires soudanais ont élargi la portée et la fréquence de leurs attaques aériennes contre les zones tenues par l'armée, à laquelle ils ont dû céder le contrôle de pans entiers de territoire.

Tenue par l'armée, la ville de Kassala abrite environ 318 000 réfugiés, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

«Un drone a ciblé la zone de stockage de carburant à l’aéroport de Kassala» a déclaré à l’AFP une source gouvernementale, sans faire état de victimes ou de dégâts.

Le Soudan, troisième plus grand pays d'Afrique en superficie, est en proie à une lutte pour le pouvoir entre le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée et dirigeant de facto du pays depuis le coup d'État de 2021, et son ancien adjoint, Mohamed Hamdane Daglo, à la tête des FSR.

Alors que le conflit vient d'entrer dans sa troisième année, le pays est de facto divisé en deux: l'armée contrôle le centre, l'est et le nord, tandis que les paramilitaires tiennent à l'ouest la quasi-totalité du Darfour et certaines parties du sud.

Kassala se trouve à plus de 400 kilomètres des positions connues les plus proches des FSR, situées dans le sud d’Omdourman, ville jumelle de Khartoum.

La localité est également à une distance comparable des zones contrôlées par les alliés des paramilitaires, le Mouvement populaire de libération du Soudan–Nord (SPLM-N), dirigé par Abdelaziz al-Hilu.

La frappe s’inscrit dans une série d’attaques de drones menées ces dernières semaines par les FSR contre des sites civils et militaires stratégiques, dont un centre de déplacés et des infrastructures électriques dans la ville d’Atbara (nord), qui a plongé le pays dans le noir.

Avancées des FSR dans le sud 

Ces derniers jours, les FSR ont revendiqué de nouveaux gains territoriaux dans le sud.

Jeudi, ils ont affirmé avoir pris la ville stratégique d’En Nahud, dans l’État du Kordofan-Ouest, un axe logistique clé pour l’armée, lui permettant d'envoyer des renforts vers la région du Darfour, bastion historique des FSR.

Selon le collectif soudanais pro-démocratie Emergency Lawyers, au moins 27 civils ont été tués lors de l’assaut.

Ce bilan n’a pas pu être vérifié de manière indépendante par l’AFP, les structures de santé étant hors service dans la région.

Les FSR ont pris d’assaut la prison de la ville, libéré les détenus et «provoqué une situation de chaos et l'effondrement de l'ordre public», selon le collectif.

Les FSR ont également attaqué des domiciles, selon trois habitants d'En Nahud ayant fui vers la ville d'El-Obeid, capitale du Kordofan-Nord à environ 200 kilomètres à l'est.

«Nous avons vu des soldats FSR faire irruption dans certaines maisons et en faire sortir les habitants de force», a déclaré l'un d'entre eux à l'AFP.

«En quittant la ville, nous avons vu les corps de civils gisant au sol», a-t-il ajouté.

Samedi, les FSR ont également revendiqué la prise de la ville d’El-Khouei, à une centaine de kilomètres à l’est d’En Nahud. Il s’agit de la plus petite unité administrative de l’État du Kordofan-Ouest.

Des témoins avaient observé vendredi le retrait des troupes de l’armée en direction d’El-Obeid, capitale du Kordofan-Nord.

À l’autre extrémité du pays, un avion-cargo a été visé samedi par l'armée à l’aéroport de Nyala, capitale du Darfour-Sud, a déclaré à l’AFP une source militaire.

L’appareil venait de se poser pour ravitailler les troupes des FSR, selon cette même source.

Des témoins ont rapporté avoir entendu une forte explosion tôt le matin provenant du secteur de l’aéroport.

Les FSR contrôlent la quasi-totalité de la vaste région occidentale du Darfour, à l'exception de la ville d'El-Facher, capitale du Darfour-Nord, située à 200 kilomètres au nord d'En Nahud.

Ils assiègent cette localité depuis mai 2024, menant des attaques répétées contre les camps de déplacés voisins déjà frappés par la famine.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné 13 millions de personnes et plongé certaines régions dans la famine, provoquant «la pire catastrophe humanitaire» au monde, selon l'ONU.

Les deux camps sont accusés d'exactions et atrocités.