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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Sophie Thibault: «Tel père, quelle fille!»

Photo Agence QMI, JOËL LEMAY
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Photo portrait de Guy Fournier

Guy Fournier

2025-06-18T23:00:00Z
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Même si elle avait songé à la psychologie, c’est plutôt le métier de ses parents que Sophie Thibault a pratiqué.

Ce soir, elle animera son dernier téléjournal à TVA. Promue cheffe d’antenne en 2002, on dit qu’elle fut la première femme en Amérique du Nord à occuper ce poste dans un grand réseau de télévision. Son père, Marc, qui n’avait pas le compliment facile, la féliciterait sûrement d’avoir tenu avec pareille maîtrise la barre d’une émission qui ne souffre ni dérive ni louvoiement.

Même si les réseaux sociaux ont pris beaucoup de place, le téléjournal reste pour la majorité des citoyens le moyen le plus crédible de s’informer. Mais cette crédibilité dépend en premier lieu de l’image que projette la personne qui livre l’information. Celle-ci doit inspirer confiance, se montrer empathique, être franche, jouir d’une réputation immaculée et être impartiale. En plus, elle doit être un bourreau de travail.

Rares sont ceux qui savent que le chef d’antenne est à la peine dès la première heure, qu’il discute des nouvelles, qu’il décide de leur pertinence et de leur intérêt – la question des cotes d’écoute n’est jamais loin – et qu’il juge de l’ordre dans lequel on les présentera.

Le chef d’antenne retravaille les textes, les lit et les relit pour se les mettre en bouche, prépare ses entrevues, mentore les plus jeunes de l’équipe et veille, avec le réalisateur, à la bonne entente de tous. C’est un travail passionnant, mais la pression est constante. Encore plus grande si le chef d’antenne est une femme. C’est du moins ce que m’affirment celles qui font le métier.

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Une mère très sensible...

Sophie Thibault est tombée dès sa naissance dans la potion magique du journalisme et de l’écriture. Son père, Marc, était alors directeur des émissions d’affaires publiques à Radio-Canada et sa mère écrivait des chroniques d’humeur pour les journaux et les magazines. Elle publia également deux romans aussi étonnants par leur sujet que par leur style.

Sophie a hérité de son sens de l’empathie et de l’introspection. Pendant que progressait inexorablement la sclérose en plaques dont souffrait maman Monique depuis des décennies, Sophie et elle ont consigné dans un livre intitulé Telle mère, quelle fille! leurs pensées intimes, leurs rêves et leurs petits bonheurs. Un livre qui révèle toute l’humanité dont était capable la mère et dont a toujours fait preuve la fille.

Et un père très exigeant

J’ai connu Marc Thibault alors que je travaillais occasionnellement pour l’émission Aujourd’hui de Radio-Canada avec Michelle Tisseyre, Jacques Languirand et Wilfrid Lemoine. Nous avions le plus grand respect pour M. Thibault, mais je dois bien l’écrire, nous en avions aussi une «peur bleue».

C’était un «boss» intransigeant qui ne supportait ni le laisser-aller ni les demi-mesures. Il fallait être ponctuel et appliqué, précis et objectif; toutes des qualités qui n’étaient pas innées chez moi, mais dont Sophie Thibault a hérité tout naturellement.

Voilà pourquoi elle restera pour longtemps la cheffe d’antenne la plus remarquable de nos ondes.

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