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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Sophie Durocher publie un essai sur l'effacement des femmes dans l'espace public et dénonce l'obscurantisme

«Où sont les femmes?»

Photo Agence QMI, JOËL LEMAY
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2024-10-26T07:30:00Z
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Dans son nouvel essai préfacé par Mathieu Bock-Côté, Sophie Durocher dénonce sans pitié les discours diversitaires et néo-féministes qui tendent à effacer la femme de l’espace public. Elle pose des questions importantes et pointe du doigt des situations qui méritent une réflexion sérieuse. Après des décennies de luttes féministes, comment se fait-il que les revendications pour l’égalité homme-femme ont pu passer au second rang, derrière les discours sur la fluidité des genres ou sur l’intersectionnalité, s’interroge-t-elle? Où sont les femmes? parle du «grand remplacement des femmes» et de leur «invisibilisation».

Sophie Durocher publie l'essai «Où sont les femmes?» aux Éditions du Journal.
Sophie Durocher publie l'essai «Où sont les femmes?» aux Éditions du Journal. © Les Éditions du Journal

Dans cet essai choc, rempli d’exemples concrets pour étayer son point de vue, Sophie Durocher scrute de près plusieurs cas de figure. Elle s’interroge sur les tendances, les effets de mode et les dynamiques sociopolitiques qui sont en jeu.

Chapitre après chapitre, elle décortique et analyse la situation. Elle note que le mot femme disparaît de notre vocabulaire, remplacé par des expressions comme «personne avec un utérus» et «personne ayant un vagin».

Elle remarque que des hommes déguisés en femmes prennent la place des femmes dans les médias. Elle constate aussi que des vêtements comme le hijab, l’abaya et le niqab contribuent en Occident à la disparition des femmes de l’espace public.

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Elle se demande si une femme née homme peut défendre les droits des femmes. Elle parle des hommes devenus femmes qui compétitionnent contre les femmes dans les épreuves sportives. En bref: elle se concentre sur ce qu’elle appelle «le grand remplacement des femmes». Sur «l’invisibilisation» et ses conséquences.

Mathieu Bock-Côté

En entrevue téléphonique, Sophie Durocher explique qu’elle réfléchit à ces questions depuis longtemps. «Ça faisait longtemps que, dans mes chroniques du Journal de Québec et du Journal de Montréal, je parlais de J.K. Rowling, du remplacement de “femmes enceintes” par “personnes enceintes”.»

«J’ai invité Mathieu Bock-Côté à souper à la maison, et je lui ai expliqué que j’en reviens pas qu’il y ait autant de dérapages de la part des jeunes féministes. Elles ne sont pas capables de voir que c’est très grave, ce qui est en train de se passer en ce moment, où dans l’espace public, on remplace le mot “femme” par le mot “personne”.»

«De plus en plus, des entreprises, des organismes et des gouvernements se servent des images de femmes voilées pour représenter les femmes. Dans les sports, ça me choquait aussi beaucoup de voir que de plus en plus d’hommes biologiques prenaient la place des femmes dans les compétitions sportives. Je raconte ça à Mathieu et il me dit: au lieu de me raconter ça à moi, fais-en un livre! C’est vraiment sous l’impulsion de Mathieu que je me suis dit: je vais arrêter de gruger mon os toute seule dans mon salon et je vais en faire un livre.»

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Des dérapages

«En faisant ma recherche pour le livre, j’ai découvert plein d’autres éléments de discussion et de réflexion qui me convainquent vraiment que les jeunes féministes ne se rendent pas compte des dérapages qu’il y a en ce moment.»

Elle précise que dans son livre, chaque fois qu’elle aborde un dossier, elle prend la peine de rappeler «c’était comment, avant». «Pour qu’elles puissent mesurer le chemin qu’on a parcouru.»

Éclipse féminine

Sophie Durocher fait une mise en garde contre l’obscurantisme. Elle parle d’ailleurs d’éclipse féminine dans Où sont les femmes?, un livre qu’elle considère «important».

«Ça fait trop peu de temps qu’on est, nous, les femmes, sur la place publique. C’est pas vrai qu’on va se faire enlever de la place publique parce qu’il y a des minorités qui veulent avoir leur place au soleil.»

Où sont les femmes?

Sophie Durocher

Les Éditions du Journal

272 pages

En librairie le 30 octobre.

  • Sophie Durocher fait partie du paysage médiatique québécois depuis près de 40 ans.
  • Elle est l’une des têtes d’affiche de QUB radio et tient depuis 2011 une chronique d’opinion sur la culture et les médias dans Le Journal de Québec et Le Journal de Montréal.
  • La préface est signée par Mathieu Bock-Côté.
«Cachées sous un bout de tissu, remplacées par des hommes déguisés, déclassées dans les compétitions sportives, rebaptisées par des périphrases, dépouillées de leurs pronoms, les femmes se font lentement mais sûrement expulser en douce de nos médias, de nos rues, de nos institutions. Et de notre imaginaire collectif.
Les femmes font face à deux offensives, l’une intégriste et l’autre progressiste. 
La visibilité sociale des femmes se réduit comme peau de chagrin: elle est menacée d’un côté par un rigorisme religieux et de l’autre par un moralisme “inclusif”.»
- Sophie Durocher, Où sont les femmes?, Les Éditions du Journal
«Le féminisme, c’est la conquête de l’espace. De notre espace. Un petit pas pour la femme, mais un grand pas pour la Cause. Et là, on se laisserait déclasser sans rien dire, reléguées à la face cachée de la Femme?
Détrônées, évincées, supplantées?
Aujourd’hui, le féminisme est divisé en deux camps: un camp intersectionnel et un camp universaliste.»
- Sophie Durocher, Où sont les femmes?, Les Éditions du Journal

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