[SONDAGE] Rattrapés par l'inflation, plus de la moitié des jeunes vivent d'une paie à l'autre
Une étude Léger brosse le portrait de la jeune génération face à l’augmentation du coût de la vie

Julien McEvoy
C’est au tour des jeunes d’être rattrapés par l’inflation et la hausse des taux d’intérêt. Ils sont maintenant plus de la moitié à vivre d'une paie à l'autre, selon l’étude jeunesse de la firme Léger.
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« L’impact du contexte économique se fait sentir à tous les niveaux pour la génération Z et les milléniaux », observent Gabrielle Blais et Charlotte Fortin, directrices de recherche chez Léger.
Ceux qui disent vivre d'une paie à l'autre comptent maintenant pour 51 % du lot, contre 47 % l’an passé, par exemple.
Le nombre de travailleurs vivant d’un chèque de paie à l’autre a d’ailleurs augmenté de 26 % en 2022, selon les conclusions de l’enquête annuelle de l’Institut national de la paie et de l’analyse du Laboratoire canadien sur le bien-être financier.
Pour son étude jeunesse, la firme Léger a sondé plus de 3000 membres de la génération Z – nés après 1995 – et de celle des milléniaux – nés après 1984.
Plus de stress
La hausse du coût de la vie plombe le moral de ceux qui ont 40 ans et moins.
Ils ont 62 % à se sentir impuissants face aux problèmes de la société (contre 57 % en 2022) et ils sont aussi moins confiants dans leur capacité à faire face aux défis de leur époque (41 % contre 47 % en 2022).
Au quotidien, le coût du loyer devient un vrai problème. Ils sont 72 % à dire que cette dépense occupe une place trop importante dans leur budget, soit une augmentation de 8 points de pourcentage par rapport à l’an dernier.
« Un bond de 4 points de pourcentage, c’est déjà très significatif dans un tel sondage. Alors quand on parle de 8, on sait qu’on touche à quelque chose », explique Mme Fortin, de Léger.
Parmi les milléniaux et les jeunes de la « gen Z », 26 % ont déménagé au cours des 12 derniers mois en raison d’une hausse de prix du loyer. Ce pourcentage était 17 % en 2022, ce qui encore une fois est « très significatif ».
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Moins de sorties
Mais il n’y a pas que le loyer ou l’hypothèque. Il y a aussi ce que Charlotte Fortin appelle « les petits plaisirs de la vie » qui en prennent pour leur rhume.
L’augmentation du coût de la vie a mené les jeunes à changer leurs habitudes dans un éventail de postes de dépenses.
Ils sont 67 % à moins fréquenter les restaurants et les bars, contre 62 % un an plus tôt. Ils s’achètent moins de vêtements (67 % contre 58 % en 2022) et dépensent moins pour le sport et les loisirs (59 % contre 51 % en 2022).
Trois jeunes sur quatre épargnent aussi moins en raison de la hausse des prix, soit 73 % d’entre eux contre 67 % l’an passé.
« On voit des hausses partout, ce qui nous fait dire qu’ils en arrachent », conclut Gabrielle Blais.

Moins de fun
Une virée du Journal au cégep Édouard-Montpetit, à Longueuil, n’a fait que confirmer les conclusions de l’étude de Léger.
Kassendra Hachey, 28 ans, vient par exemple de retourner aux études en technique d’éducation à l’enfance, car son emploi de préposée aux bénéficiaires ne lui rapportait pas assez pour vivre décemment.

« Je vis de paie en paie. Je travaille une fin de semaine sur deux en plus d’étudier. Je dois faire au moins 24 heures d’un coup pour y arriver », lance la jeune femme.
Avec les loyers qui augmentent, avec l’épicerie qui coûte une fortune maintenant, « ça coûte de plus en plus cher », dit-elle.
À 19 ans, Catherine Regimbal, étudie pour sa part 30 heures en gestion de commerce et travaille pendant 30 heures en cumulant trois emplois.
« J’ai eu quatre emplois l’été dernier. J’ai toujours trois emplois en plus de faire huit cours au Cégep », raconte-t-elle.
Après avoir payé l'assurance de sa voiture et l’essence, elle ne peut toujours pas se payer « des luxes comme magasiner ou aller au restaurant ».
Et même si elle pouvait, où trouverait-elle le temps, avec trois emplois et une formation à suivre à temps plein ?
- Avec la collaboration de Francis Halin
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