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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Sommet de l'OTAN en Lituanie: les alliés réunis sur la ligne de front

Le Canada sous pression au sommet de l’OTAN pour équiper l’armée de toute urgence

AFP
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Photo portrait de Anne Caroline Desplanques

Anne Caroline Desplanques

2023-07-08T09:00:00Z
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OTTAWA – Le Canada fera face à de fortes pressions la semaine prochaine pour augmenter drastiquement ses investissements militaires, alors que les membres de l'Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) se réuniront mardi et mercredi au plus près de la ligne de front russe, en Lituanie. Tour d’horizon des principaux enjeux d’un sommet sous tension.

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Le sommet de l’OTAN se déroule cette année en Lituanie, un membre de l’Alliance fort symbolique, car il est encastré entre la Biélorussie et l'enclave russe de Kaliningrad. Ces deux voisins baltes, la Lettonie et l’Estonie, sont eux coincés entre la Russie et la mer Baltique. D'après plusieurs stratèges militaires, si la guerre devait s'étendre, cette région serait la première concernée. C’est pourquoi l’OTAN y concentre militaires et équipement en masse.

Investir plus et vite

«Je m’attends à ce que les alliés s’entendent pour dire que 2% du PIB en défense doit être un minimum», a prévenu Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'OTAN en préparation du sommet.

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Les membres de l’Alliance se sont engagés en 2014 à consacrer 2% de leur richesse chaque année à la défense d’ici 2024. Mais à un an de l’échéance, sept pays restent très loin du compte, en particulier le Canada qui n’y dédie que 1,29% cette année.

Or, M. Stoltenberg insiste: «Il y a un besoin urgent d’augmenter les dépenses.»

Justin Massie, directeur associé du Réseau d’analyse stratégique de l’UQAM, souligne qu’en dépensant si peu, le Canada laisse sa propre armée à court de moyens et peine à aider les autres:

«Les pays qui donnent le plus d’aide à l’Ukraine sont ceux qui, dans le passé, ont dépensé plus de 2% parce qu’ils ont des stocks et des ressources, ce qui n’est pas le cas du Canada.»

Le premier ministre Justin Trudeau rencontre le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors du sommet du G7 au Japon en mai 2023.
Le premier ministre Justin Trudeau rencontre le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors du sommet du G7 au Japon en mai 2023. AFP / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE

Soutenir l’Ukraine

L’adhésion de l’Ukraine sera au cœur des débats. Kyïv demande un plan d’adhésion accéléré, mais toutes les décisions de l’Alliance nécessitent l’unanimité des 31 membres, ce dont on est loin dans ce cas. Le Canada lui-même s’est montré frileux.

Jusqu’à présent, l’Alliance s’est montrée très vague concernant le calendrier d’adhésion, de peur d'une escalade avec Moscou. Intégrer l’Ukraine est dans tous les cas exclu avant la fin du conflit puisqu’elle plongerait immédiatement l’OTAN en guerre contre la Russie.

On discutera aussi d’un plan d’aide à long terme pour l’Ukraine qui impliquerait des acquisitions militaires communes planifiées. Ceci permettrait aux alliés d’acheter non seulement davantage et plus vite, mais aussi moins cher à la fois pour leur propre armée et pour l’Ukraine, souligne M. Massie.

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C’est ce que l’industrie réclame afin d’augmenter sa production pour passer à une économie de guerre, comme le demandent plusieurs chefs d’état-major, dont le Canadien Wayne Eyre.

Photo d'archives, AFP
Photo d'archives, AFP

Intégrer la Suède

La Suède a fait une demande d’adhésion à l’Alliance en mai 2022, en même temps que la Finlande. Elle a ainsi rompu avec sa politique historique de non-alignement militaire, car elle craint une attaque de la Russie toute proche.

La Finlande a été admise en avril, mais l’adhésion de la Suède est toujours bloquée par la Turquie et la Hongrie. Ankara reproche à Stockholm de servir de refuge aux mouvements d'opposition kurdes classés terroristes en Turquie.

M. Stoltenberg a déclaré jeudi qu’un accord était à portée de main pour assurer l’adhésion suédoise à l’Alliance d’ici le début du sommet. Une réunion est prévue lundi en Lettonie entre le président turc et son homologue suédois, la veille du sommet, dans le but de conclure un accord politique.

Un des points qui pourraient convaincre Ankara, indique M. Massie, est de lui permettre d’acquérir des avions de chasse F-35. Les États-Unis, fabricants de l’appareil, s’y opposent depuis que la Turquie a acheté un système antimissile russe S-400, en 2019.

Les recrues suédoises participent au déploiement d'un système de défense antimissiles Patriot, à Stockholm, en mai 2023.
Les recrues suédoises participent au déploiement d'un système de défense antimissiles Patriot, à Stockholm, en mai 2023. Anne Caroline Desplanques

L’Arctique et le Pacifique

Avec l’intégration de la Finlande, et celle attendue de la Suède, tous les pays arctiques seront membres de l’OTAN, sauf la Russie. Ceci ramène le Grand Nord au cœur des réflexions stratégiques de l’Alliance, d’après Ionela Maria Ciolan du Wilfried Martens Centre for European Studies.

«L’OTAN ne devrait pas rater cette occasion de renforcer sa présence dans l’Arctique», écrit-elle. Le déploiement de systèmes de défense antimissiles pourrait être évoqué, sachant que M. Stoltenberg et les Scandinaves martèlent qu’en cas d’attaque russe, les missiles passeraient par le cercle polaire. Le Canada serait incapable d’abattre des missiles dans le Nord.

La montée des tensions avec la Chine et la défense de Taïwan seront aussi à l’ordre du jour. Les chefs d’État japonais, australien, sud-coréen et néozélandais seront d’ailleurs présents au sommet même s’ils ne sont pas membres de l’Alliance.

Le sujet est source de frictions puisqu’«il y a beaucoup de division entre les alliés sur la Chine», souligne M. Massie. Certains Européens, en particulier les Français, refusent de voir Pékin comme un adversaire.

Une frégate danoise durant le plus important exercice arctique de l'OTAN en 2022, Cold Response. 30 000 soldats de l'Alliance y ont participé, mais le Canada n'a été en mesure d'envoyer que dix militaires.
Une frégate danoise durant le plus important exercice arctique de l'OTAN en 2022, Cold Response. 30 000 soldats de l'Alliance y ont participé, mais le Canada n'a été en mesure d'envoyer que dix militaires. OTAN

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