Sols argileux au Québec: des municipalités aux prises avec une «bombe atomique»

De nombreuses municipalités québécoises construites sur des sols argileux sont carrément aux prises avec des «bombes atomiques» à retardement, préviennent des experts, après un glissement de terrain majeur dans le Centre-du-Québec.

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«Ce n’est pas évident. Pour corriger ça, il faudrait des interventions qui coûteraient des fortunes», résume au Journal Sylvain Brosseau, expert en bâtiment et propriétaire du Groupe Burex.

«En fin de compte, t’es sur une bombe atomique. Tu ne sais jamais quand elle va exploser», illustre-t-il.

L’expert tenait ses propos quelques heures après un immense glissement de terrain qui est survenu à Sainte-Monique, dans le Centre-du-Québec, tôt mercredi matin.

La veille, un ouvrier de 31 ans, Alexandre Paris, perdait aussi la vie dans un effondrement sur un chantier, à Blainville, une tragédie qui fait désormais l’objet d’une enquête criminelle.

Les principales villes sises sur un sol argileux se trouvent essentiellement dans la vallée du Saint-Laurent, soit les secteurs qui longent le fleuve Saint-Laurent de Montréal jusqu’à Québec et dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

«C’est là où on a la plus grosse densité de population. C’est ça qui pose un problème aussi», fait valoir Antoine Jacquey, professeur adjoint au Département des génies civil, géologique et des mines à Polytechnique Montréal.

Difficile à anticiper

D’après cet expert, il est encore aujourd’hui difficile d’anticiper la réaction de ces sols, étant sensibles aux gels et aux sécheresses.

«Une des causes qui peut provoquer un glissement de terrain, ce sont les précipitations, mais aussi les charges excessives», dit M. Jacquey, en citant en exemple des matériaux de construction ou le stationnement de véhicules sur un chantier.

Au fil des mois et des ans à venir, les changements climatiques, qui peuvent entraîner des épisodes de pluie intense dans de courtes périodes, seront à surveiller.

«C’est un risque qu’il faut considérer et analyser, c’est sûr», ajoute Antoine Jacquey.

Il convient également qu’en investissant davantage pour étudier cet enjeu complexe, «ça permettra de prévenir peut-être des accidents comme il s’est passé hier et aujourd’hui».

Sous-sol

Néanmoins, certaines mesures peuvent être mises de l’avant afin de limiter les dégâts, comme d’avoir des fondations plus profondes.

«La meilleure [stratégie] de mitigation qui puisse arriver est d’éviter ou d’interdire la possibilité d’avoir de larges sous-sols», soutient Daniele Malomo, chercheur et aide-professeur de génie civil à l’Université McGill.

Car dans le cas d’une inondation, un sol argileux peut prendre de l’expansion et faire pression sur la structure du bâtiment.

Sur son site web, la Régie du bâtiment du Québec encourage également «la maîtrise des eaux de surface un peu plus loin de la fondation» et «le respect d’une distance minimale entre la maison et les arbres».

Pour vérifier si vous êtes dans une zone potentiellement exposée aux glissements de terrain, consultez le lien suivant: https://www.donneesquebec.ca/recherche/dataset/zone-potentiellement-exposee-aux-glissements-de-terrain-zpegt/resource/651ca52a-81ca-42b2-9be6-0a4be238b37d.

– Avec la collaboration de Camille Payant