Soirée historique pour le rap québécois en France: Loud vise encore plus haut

Alexandre Caputo
Des étoiles du rap québécois se produiront pour la première fois sur la scène du mythique Olympia de Paris, le 8 février, et foi de Loud, la tête d'affiche de ce spectacle historique, ce n'est que le début.
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«C’est énorme, mais l’intention, c’est que ça nous amène à plus», lance avec son calme habituel le MC montréalais, en entrevue avec Le Journal.
Avec sa capacité qui peut atteindre les 2800 places selon la configuration, l’Olympia de Paris a déjà accueilli des légendes telles que les Beatles, les Rolling Stones, Louis Armstrong et Ella Fitzgerald.
«Évidemment, ce n’est pas quelque chose qui est simple à accomplir», admet humblement Loud. «Mais quand on regarde le marché du rap [en France], on se dit qu’il n’y a pas de limites à la taille des événements auxquels on peut participer.»
Une curiosité grandissante
Fort de plusieurs dizaines de prestations données un peu partout dans la francophonie européenne au cours des dernières années, dont près de dix à Paris, Loud remarque que le jargon propre aux rappeurs québécois est très bien accueilli sur le Vieux Continent.
«Il peut parfois y avoir une saturation dans des marchés qui sont gros comme le leur, donc ils [les Français] sont toujours à la recherche de ce qui peut se démarquer», explique-t-il. «Il y a encore beaucoup de chemin à faire, mais avec notre lexique, notre accent, nos codes, on sent qu’il y a tranquillement une curiosité qui grandit.»
«Les Français sont très ouverts sur les bibittes, sur ce qui sort de l’ordinaire», ajoute le rappeur maskoutain Rymz, qui se chargera de la première partie de Loud, en compagnie de Souldia. «Ils aiment beaucoup ce qui se fait aux États-Unis aussi, et nous sommes juste à côté, donc ça s’entend dans notre façon de communiquer et de rapper.»

Force est de constater que cet intérêt est bien réel, puisqu’environ 90% des billets sont déjà vendus en prévision du spectacle à l’Olympia de Paris, le 8 février.
«Nous sommes confiants d’avoir un sold out», soutient le gérant de Loud et fondateur de l’étiquette Joy Ride Records, Carlos Munoz.
De Gullywood à l’Olympia
Parmi la brochette d’artistes qui seront aux côtés de Loud, on retrouve notamment le rappeur Lary Kidd et le producteur Ajust, avec qui il a fait ses premiers pas dans l’industrie.
De Gullywood, premier album de Loud au sein du trio Loud Lary Ajust (LLA), paru en 2012, jusqu’à son spectacle à l’Olympia de Paris, près de 12 ans plus tard, le MC a encore du mal à réaliser l’ampleur du chemin parcouru.
«C’est tellement important qu’ils [Lary Kidd et Ajust] soient avec moi lors des moments marquants», affirme Loud. «C’est rare qu’on prend le temps de remettre les choses en perspective, mais quand on joue, dans de gros événements, des chansons qu’on jouait dans des petites salles avec LLA, c’est là qu’on réalise le plus [ce qu’on a accompli].»
Sept rappeurs québécois avec Loud à Paris: «Il a le souci de faire rayonner la culture»
Les rappeurs qui marqueront l’histoire de l’Olympia de Paris aux côtés de Loud, le 8 février, savent que ce dernier leur a lancé l’invitation par amour pour la culture du hip-hop, pas pour vendre des billets.
«Loud n’a pas besoin de nous pour remplir l’Olympia», lance de façon complètement assumée Rymz, qui sera en première partie de Loud à l’Olympia de Paris et qui l’accompagne lors de ses tournées européennes depuis 2018.
«Il a le souci d’amener le Québec ailleurs et de faire rayonner la culture, ça n’a rien à voir avec la business.»
La force du nombre
Selon le rappeur Imposs, qui fera également partie de l’alignement du 8 février à Paris, Loud vise dans le mille en invitant tous ces artistes talentueux sur scène. Le co-fondateur du groupe Muzion, un trio de pionniers du rap québécois qui a connu de beaux moments en France au début des années 2000, juge qu’à l’époque, la force du nombre manquait à la formation pour atteindre de plus hauts sommets.

«Le seul problème qu’on avait [avec Muzion], c’est qu’on n’était pas assez [de rappeurs québécois invités en France] pour imposer quelque chose», soutient Imposs. «C’est impossible d’exporter la culture du Québec vers la France en étant seul.»
«Le fait que Loud décide d’amener une cohorte d’artistes d’ici avec lui, c’est énorme et historique; c’est tout à son honneur», ajoute avec enthousiasme le vétéran.