Soirée-bénéfice : Clémence DesRochers, «une femme douce et puissante» honorée

Frédérique De Simone | Agence QMI
Fanny Bloom, Tire le coyote, Marina Orsini, Elkahna Talbi, alias Queen Ka, et Kim Lizotte ont rendu hommage à Clémence DesRochers lundi soir à la Grande Bibliothèque de Montréal.
Dans une formule soirée-bénéfice, la Fondation de la BAnQ a présenté un spectacle mis en scène par l’artiste multidisciplinaire Ines Talbi afin de souligner l’ensemble de l’œuvre et la grande carrière de Clémence DesRochers.
Animé par Chantal Lamarre, le spectacle — une «surprise» pour Mme DesRochers — a fait revivre, le temps d’une soirée, certain de ses monologues, de ses chansons, de ses croquis, et de son histoire, puisés à même les carnets personnels — plus de 70 — écrits de la main de Clémence et dont elle a fait don à la Fondation de la BAnQ en 2012.
Mélangeant variété et «capsules» informatives présentées par l’archiviste Danielle Léger, la soirée s’est ouverte par la reprise de la chanson «Le monde aime mieux Mireille Mathieu», interprétée par l’autrice Kim Lizotte. Cette dernière a aussi rechaussé ses bottines d’humoriste pour l’interprétation du monologue «L’acheteuse».
Toujours en chansons, Tire le coyote a quant à lui joué sa version de «La vie de factrie» et «La chaloupe de Verchère». Tandis que Fanny Bloom — dont Clémence a adoré les pas de danse — a prêté sa voix à «L’homme de ma vie» et à «Si nous sommes ensemble», en plus de revisiter le monologue «J’ai show», issu du spectacle du même nom paru en 1989.
De son côté, Queen Ka a livré une version très touchante de «Je ne regarderais plus jamais la glace», avant d’interpréter la chanson «Maman». Elle a aussi pris part au monologue de groupe intitulé «Les trois sœurs» avec Kim Lizotte et Marina Orsini qui leur a valu de nombreux rires gras du public.
Accompagnées par Gaël Lane Lépine au piano et par Florence Blain Mbaye au hautbois — qui a été excellente dans sa relecture du monologue «Ménopause» tiré du spectacle «J’ai show» — le style dépouiller des chansons a vraiment permis de rendre grâce aux mots de Clémence DesRochers, qui après le spectacle s’est dite touchée par l’hommage qui respectait la douceur et la simplicité de son travail.
«Née d’un père angoissé et d’une mère fatiguée» en 1933, la Sherbrookoise de 88 ans, qui adorait l’école pour ses récréations, était visiblement contente et très heureuse de renouer avec son public lundi soir. L’autrice, poétesse et grande comique, connue pour la profondeur de ses textes, a à son tour fait rigoler la salle à la fin de son hommage, racontant au passage l’histoire de la bénévole créole au centre d’«écueils».
Un hommage vivant
Le projet d’hommage, qui était sur la planche à dessin depuis un moment déjà, a eu le feu vert au mois de février sachant qu’il était possible d’assoir plus de 280 personnes dans l’auditorium de la Grande Bibliothèque tout en respectant les mesures sanitaires, a confié Émilie Guertin, directrice générale de la Fondation de BAnQ en entrevue avant le début du spectacle.
La pertinence et l’intemporalité de l’œuvre de Clémence DesRochers, les doubles sens dans ses textes, à la fois drôles, doux, mais aussi puissants — tout comme elle — et révélateurs de son temps, de la condition des femmes, de la solitude et de la vieillesse — des sujets dont on ne parlait pas à l’époque — ne pouvaient qu’être honoré par un spectacle a-t-elle fait valoir.
«C’est de l’art vivant et il fallait le vivre», a ensuite souligné la directrice de la Fondation.