Soccer: un père de famille vérifie le sexe de deux jeunes joueuses jugées «trop masculines»

Kevin Dubé
Les débordements causés par des parents trop émotifs sont en hausse dans le monde du sport québécois, et les exemples sont nombreux et parfois troublants. Jugeant qu’elles étaient trop masculines, le père d’une jeune joueuse de soccer a même demandé à deux adversaires de prouver qu’elles étaient bel et bien des filles en exigeant qu'elles baissent leur pantalon.
L’incident est survenu il y a trois ans, lors d’un tournoi de soccer tenu dans la région de Québec.
L’homme, qui jugeait que les deux fillettes ressemblaient à des garçons en raison du fait qu’elles avaient les cheveux courts, s’était dirigé directement vers les deux jeunes filles afin de remettre en question leur sexe.
La situation, tout d'abord gérée à l'interne par les clubs impliqués, avait par la suite été prise très au sérieux par l’Association au sein de laquelle évoluait la fillette du parent fautif, et ce dernier en avait ensuite été banni.
L’incident des deux jeunes filles à l’apparence masculine a été mis en lumière en raison d’une autre controverse, survenue au même tournoi, et révélée par Le Soleil, lundi. Une équipe de catégorie U11 s’est vue retirer sa médaille de bronze en raison du comportement déplacé de certains parents dans les gradins.
Mais il ne s’agit pas de situations réservées exclusivement à cette compétition de Québec.
«Ça représente 0,01% des équipes, car dans la grande majorité des cas, tout se passe bien. Les jeunes ont du plaisir et créent des souvenirs incroyables. Les estrades ne sont pas à feu et à sang. C’est important d’insister là-dessus même si des cas [comme ceux dévoilés dans les derniers jours] arrivent, malheureusement», assure Alexandre Denty, l'organisateur du Défi du Trait-Carré où sont survenus les deux incidents.
«DÉÇU ET FRUSTRÉ»
Les cas de débordements chez des parents un peu trop intenses ont malheureusement porté ombrage à plusieurs jeux amateurs durant l’été. Le directeur général de Sport’aide, Sylvain Croteau, avait d’ailleurs lancé un cri du cœur dans plusieurs médias lors de la 59e finale des Jeux du Québec, à Trois-Rivières, en raison notamment de propos racistes et homophobes entendus sur les différents sites de compétition, ainsi que des parents qui tentaient de cacher des blessures afin que leur jeune puisse participer aux Jeux.
Ce dernier n’a donc pas été surpris d’apprendre les récentes histoires au soccer.
«Est-ce que je suis surpris? Non. Déçu? Frustré? Oui. On a des milliers de gens qui s’impliquent bénévolement dans le sport afin d’offrir une expérience positive aux jeunes à travers la province. Et des parents, parce qu’ils voient leur enfant dans la LNH, aux Jeux olympiques ou sur l’équipe nationale, viennent gâcher ça parce que les fils se touchent.»
PLUS DE DÉNONCIATIONS
Sylvain Croteau préfère ne pas s’avancer à dire qu’il y a plus de cas de débordements chez les parents qu’avant. Il estime toutefois que si l'on n'en entend plus parler, c’est parce que la population est de plus en plus conscientisée et dénonce davantage.
«Aux Jeux du Québec, j’étais à une compétition et certains parents affichaient une intensité négative. D’autres parents se sont alors retournés et leur ont demandé s’ils avaient envie de se retrouver dans les médias. Ça les a aussitôt calmés. On commence à se rendre compte que certains comportements n’auraient jamais dû être tolérés et les langues se délient», se réjouit-il, assurant qu’il reste encore du travail à faire et «une réflexion collective sur notre relation avec le sport».