«Skinamarink»: un film d’horreur terrifiant pour public averti
Skinamarink est un film unique et audacieux


Bruno Lapointe
Tourné avec un budget famélique visuellement évident, Skinamarink prouve qu’un film d’horreur n’a pas besoin d’argent pour terroriser les cinéphiles.
Vous aimez les films d’horreur américains aux budgets faramineux, dégoulinants d’hémoglobine et d’une violence inouïe ? Skinamarink n’est probablement pas pour vous. Car ce premier long métrage du Canadien Kyle Edward Ball fraie à contre-courant de l’offre actuelle en matière de cinéma de genre. Et c’est probablement sa plus grande force.
Sans montrer la moindre trace de violence à l’écran et utilisant les éclaboussures écarlates avec une impressionnante parcimonie, le cinéaste puise toute sa force dans le pouvoir de la suggestion, évoquant les plus sombres et troublants cauchemars d’enfants.
Après avoir fait sensation dans différents festivals – dont Fantasia, à Montréal – au cours des derniers mois, Skinamarink a pris l’affiche vendredi au Cinéma du Parc. Il trouvera refuge plus tard cette année sur la plateforme Shudder.
Maison sans issue
Sa prémisse ? Skinamarink nous plonge dans la pénombre d’une maison familiale où deux enfants se réveillent en pleine nuit. Mais quelque chose semble différent. Les bambins ne tarderont pas à remarquer que leur père a disparu... comme toutes les portes et fenêtres de la demeure. Ils ne sont toutefois pas seuls pour autant dans cette bâtisse désormais sans issue.
Si ce long métrage s’apparente par moments davantage à l’exercice de style en matière d’impressionnisme qu’au cinéma traditionnel, Skinamarink vaut certainement la peine qu’on s’y attarde. Mais il faut être prêt à y mettre du sien.
Car le film est sans contredit exigeant. Contraignant, même. Il ne prend pas le cinéphile par la main ni le materne en lui dévoilant tous ses secrets. Il faut donc travailler pour apprécier toutes les nuances et subtilités qui en font sa force. Certes, c’est par moments (trop) long et contemplatif. Mais il réussit néanmoins à créer une atmosphère particulièrement oppressante et anxiogène.
Bref, Skinamarink ne s’adresse vraisemblablement pas à tous les publics. Mais celui qu’il cible – nommément les cinéphiles aventureux – sera fort probablement marqué au fer rouge par cette proposition unique et audacieuse.
Skinamarink ★★★1⁄2
- Un film de Kyle Edward Ball. Avec Jaime Hill, Ross Paul et Lucas Paul. À l’affiche au Cinéma du Parc de Montréal.