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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Une pédophile fait honte à la profession d’enseignant

Une prof écope de six ans pour avoir agressé son élève de 8 ans pendant 17 mois

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Photo portrait de Erika Aubin

Erika Aubin

2022-10-14T16:19:31Z
2022-10-14T23:32:12Z
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En abusant de son élève âgé de huit ans, une enseignante déchue de Laval a terni l’image de milliers de professeurs, a déploré un juge avant de la condamner vendredi à six années derrière les barreaux. 

Josianne Lévesque, 43 ans, était en liberté en avril dernier pour les observations sur sa peine, quand elle a été photographiée au palais de justice de Laval.
Josianne Lévesque, 43 ans, était en liberté en avril dernier pour les observations sur sa peine, quand elle a été photographiée au palais de justice de Laval. Photo Martin Alarie

« L’accusée a lamentablement manqué à son rôle d’éducatrice. Elle a terni l’image de milliers d’enseignants qui se dévouent quotidiennement pour le bien de leurs élèves », a lancé le juge Serge Cimon à Josianne Lévesque, au palais de justice de Laval.

Dans le box des accusés, la femme de 43 ans fixait le sol derrière son masque bleu en écoutant le magistrat lire son jugement long de 40 pages. Elle est détenue depuis le mois de mai dernier, un an après avoir plaidé coupable notamment de contacts sexuels. 

À l’époque, elle était l’enseignante de sa victime en deuxième année du primaire, dans un collège privé de Montréal. Les abus qui ont duré 17 mois se sont toutefois déroulés dans un contexte de tutorat.

Sa victime aujourd’hui âgée de 12 ans, dont l’identité est protégée par une ordonnance.
Sa victime aujourd’hui âgée de 12 ans, dont l’identité est protégée par une ordonnance. Photo d'archives

La victime est un Superhéros

Le juge Cimon a souligné « l’incroyable courage » que le garçon a eu du haut de ses 10 ans. Voulant que les abus cessent, il a avoué à sa mère à l’été 2020 que sa tutrice l’embrassait sur la bouche avec la langue. Dans les jours suivants, il a dévoilé tous les détails sordides des agressions.

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« Déjà, qu’il ait dénoncé, il est un super-héros pour moi », a laissé tomber le magistrat en s’adressant aux parents.

La mère, que l’on ne peut nommer pour protéger l’identité de son fils, est soulagée que le juge se soit rangé derrière la sentence proposée par l’avocate de la Couronne, Me Claudia Ossio. La défense pour sa part demandait 25 mois de pénitencier. 

Le juge a par ailleurs dénoncé les techniques de manipulation dont Lévesque a usé pour parvenir à ses fins. La pédophile a gagné la confiance de la famille, devenant même une amie proche.

« En tant que parent et comme élève, c’est juste normal de faire confiance à un professeur. C’est aussi pour cette raison que c’était important pour nous d’obtenir justice », a insisté la mère. 

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Des récompenses

La tutrice avait instauré un programme de récompenses, amenant le garçon dont elle était amoureuse au cinéma et au restaurant pour ses efforts à l’école. Elle profitait des moments seuls avec lui pour l’agresser. 

Et elle faisait tout pour qu’il garde ses crimes secrets en lui répétant souvent qu’elle « pourrait tout perdre et aller en prison », avait raconté le jeune au Journal lors d’une entrevue cet été.

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Entre autres conséquences, celui qui vient d’entrer au secondaire fait des cauchemars, de l’insomnie et a souvent des flashbacks. Comme il se sent sale depuis les agressions, il se lave encore excessivement les mains et le corps. 

Ce qu’ils ont dit 

« L’accusée avait reçu un premier signal d’alarme. La directrice de l’école avait refusé de placer [la victime] dans sa classe de troisième année et l’avait avisée qu’elle était trop proche. Plutôt que de suivre ce conseil, elle offre ses services de tutrice à la famille, emmène ce dernier chez elle et établit un programme de récompenses. »

– Le juge Serge Cimon à propos du risque de récidive

« Comme prof, elle était supposée être là pour l’aider avec ses difficultés à l’école, pas pour lui nuire. Elle a plutôt aggravé sa situation. Peu importe la sentence, ça n’aurait jamais été assez sévère pour moi, mais je suis soulagée, car le juge a vu clair dans son jeu de manipulation. »

– La mère de la victime, aujourd’hui âgée de 12 ans

« La sentence fait prévaloir les objectifs de dissuasion et de dénonciation. L’abus de confiance et le très fort lien entre la victime et sa prof ont aussi été retenus. C’est un jugement enrichissant [pour la société]. »

– Me Claudia Ossio, procureure de la Couronne

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