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L'article provient de TVA Nouvelles

Situation indécente pour un enfant de deux ans: qu’attend-on pour changer les choses?

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Dr Gilles Julien

2022-11-08T18:02:13Z
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La situation des enfants dans le monde est plutôt mauvaise. Ils sont parfois témoins et victimes d’atrocités, utilisés comme «cheap labour» ou bien même comme soldats. 

Quant à la situation des enfants au Québec, elle n’est pas aussi dramatique, certes, mais elle reste peu enviable. Elle se détériore un peu plus année après année, que ce soit par rapport à leurs droits en santé, en éducation, en protection et en bien être général.

Aux dernières nouvelles, on constate que près d’un demi-million d’enfants au Québec n’ont pas de médecins de famille dont 50 000 poupons avant un an, et près de 150 000 âgés de moins de cinq ans n’ont aucun suivi.

Un cas vécu

Cette semaine, une mère de famille s’est présentée à l’hôpital pédiatrique avec son enfant de deux ans qui, depuis 24 heures, tousse profondément, présente de la fièvre, vomit ses tripes, refuse toute alimentation et se détériore d’épuisement.

Il est 6 h du matin quand on suggère à la maman d’aller consulter son médecin de famille pour ne pas devoir attendre 12 heures dans le corridor.

Elle se présente alors à notre clinique, désespérée. Elle a pris l’agent du loyer pour payer un taxi et elle frôle l’état de panique. Nous constatons aussitôt que l'enfant présente un épuisement respiratoire, des pleurs continus et une déshydratation évidente.

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Pour nous, le risque de détérioration rapide est réel. Le besoin hospitalier est urgent. J’appelle donc l’hôpital. On me demande d’appeler une ambulance pour leur envoyer l’enfant.

Est-ce normal ? Non, c’en est presque indécent.

Désastre

L’idée n’est pas de faire l’historique de ce désastre ni d’identifier des coupables, mais bien de se retrousser les manches et de passer à l’action.

Des initiatives pertinentes existent au Québec : des cliniques infirmières dans les communautés se déploient, un projet de guichets uniques connaît un vrai succès dans le Bas-Saint-Laurent, des cliniques sans rendez-vous se mobilisent dans des quartiers, des pharmaciens ouvrent leurs champs de pratique et il en existe bien d’autres encore.

À ce propos, je salue la prise de conscience du Collège des médecins et du Ministère sur l’élargissement des pratiques professionnelles, les approches de proximité et la formation des intervenants en transdisciplinarité.

Nous devons travailler main dans la main pour mettre en place des solutions concrètes, particulièrement en ce qui concerne le déploiement de la fameuse Première ligne des soins proximité. Des concertations locales pour une transformation progressive des soins et des services de santé doivent voir le jour sur tous les territoires.

La mise en place d’un système rapide de réponse à une demande soins, par téléphone, internet ou en personne doivent se déployer en parallèle. On doit définir des relais de soins comme s’il s’agissait d’une course à obstacles, mais avec de l’aide et de l’accompagnement personnalisé, pour que plus personne ne tombe entre deux chaises, et surtout pas des enfants.

Toutes ces solutions sont faisables et accessibles dans le contexte actuel. Il s’agit de nous donner les moyens de les mettre en place.

Dr Gilles Julien, C.M., O.Q. Pédiatre social et directeur clinique, Vice-président fondateur, Fondation Dr Julien

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