Siège d'Ottawa: le gouvernement Trudeau appelé à prendre ses responsabilités


Anne Caroline Desplanques
OTTAWA – Les élus locaux d’Ottawa appellent le gouvernement fédéral et la Gendarmerie royale du Canada (GRC) à prendre leurs responsabilités tandis que la police municipale est complètement débordée par le siège de la capitale.
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«Nous n’avons pas les ressources localement pour contrôler cette chose», a dit samedi la conseillère municipale Diane Deans.
Mme Deans préside la Commission de services policiers d’Ottawa, qui s’est réunie samedi en urgence pour questionner le chef de la police municipale, Peter Sloly, et son équipe. Celui-ci a expliqué aux élus qu'il était impuissant face à une «insurrection nationale» qui dépassait ses capacités.
Dans ce contexte, la conseillère municipale Carol Anne Meehan a déclaré que le premier ministre Trudeau, qui est directement visé par les insurgés, devait s’impliquer de toute urgence.
Devant les appels à l’aide répétés de la police municipale depuis mercredi, le ministre de la Sécurité publique fédérale, Marco Mendicino, a envoyé 257 agents de la GRC en renfort.
La GRC n’est cependant pas une simple force de soutien à Ottawa, car la sécurité de la capitale est partagée en tout temps entre quatre services policiers.
La police municipale est chargée des rues et des quartiers résidentiels, tandis que le Service de protection parlementaire (SPP), lui, doit protéger les édifices du parlement et leurs alentours, en collaboration étroite avec la GRC. La Police provinciale de l’Ontario (OPP), elle, gère les autoroutes et leurs sorties d’où proviennent les camions. Elle détient des équipes d’intervention spécialisées aussi.
État d’urgence
Pour le député néodémocrate ontarien Joel Harden, dont la circonscription est directement entravée par la crise, il est plus que temps que la GRC assume ses responsabilités pour la sécurité de la cité parlementaire. S’il le faut, il appelle le gouvernement provincial de Doug Ford à décréter l’état d’urgence.
L’état d’urgence est défini comme une «situation de crise causée par des menaces envers la sécurité du Canada d’une gravité telle qu’elle constitue une situation de crise nationale», selon la Loi sur les mesures d’urgence. Cette loi vise «à autoriser à titre temporaire des mesures extraordinaires de sécurité en situation de crise nationale et à modifier d’autres lois en conséquence».
La conseillère municipale Catherine McKenney déposera une motion devant le conseil municipal lundi réclamant que la Ville d’Ottawa fasse une demande formelle au gouvernement fédéral afin qu’il prenne contrôle de la cité parlementaire et de ce qui est maintenant désigné comme «la zone rouge», c’est-à-dire la zone occupée.
Quelque 500 camions lourds y étaient stationnés samedi, soit deux fois plus qu’en milieu de semaine. Le Service de police d’Ottawa (SPO) a été incapable d’empêcher le convoi de gonfler à nouveau et le chef Sloly a dû de nouveau répondre de l’échec de son équipe devant la Commission de services policiers de la Ville. Il a admis qu'il n'avait pas de plan pour libérer la capitale.
«Tant que le gouvernement fédéral n’assumera pas le contrôle opérationnel total de la cité parlementaire et de la zone rouge pour permettre au SPO de porter son attention sur nos quartiers résidentiels, rien ne changera», estime Mme McKenney.