Shreez : un autre héros du rap pour Fabreville

Catherine Genest
Les choses se bousculent sur la scène rap à Laval, particulièrement dans le coin de Fabreville. Le dernier talent à y éclore en date, c’est ce gars qui demande à être appelé Shreez.
Nouveau venu, ce Shreez? Vraiment pas, dans les faits. Coauteur de «On fouette» avec Tizzo et Soft, ce morceau vengeur qui flotte dans les larmes de ses interprètes, Shawn Volcy (c’est son vrai nom) a fait sa marque en parlant de sujets «street» que la plupart des vedettes du rap québécois évitent ou ne maîtrisent simplement pas.

Or, l’audace finit souvent par payer. L’an dernier, son nom a été écrit entre ceux des deux autres sur le gros chèque du Prix de la chanson SOCAN. Flanqués du producteur 4590’z, le trio de vocalistes s’est vu récompenser d’une bourse de 10 000 $ pour cet air marquant, à la fois terriblement triste et gorgé de colère. Une pièce rap passée au rang de classique dans le genre et dont le vidéoclip a été écouté plus d’un million de fois sur YouTube.
«Honnêtement, on le sentait qu’on tenait de quoi de vraiment gros, confie Shreez. Cette chanson-là, on l’a faite en sortant des funérailles du frère à Tizzo. [...] Tizzo a enregistré le «beat» en costume-cravate... C’est pour ça que l’énergie est différente. C’était émotif, cette journée-là. C’était pas “fake”, c’était la réalité. »
Seul aux commandes
Tous les rappeurs ne s’avèrent pas à ce point marquants pour la scène, surtout lorsqu’ils n’ont pas encore d’album solo à leur actif. Shreez, en plus, c’est un timide autoproclamé. «J’suis gêné, je déteste l’attention», clame-t-il justement sur «Plankton», premier extrait de son album initiatique à naître vendredi.
«Je surmonte ça parce que ça me rapporte, avoue-t-il sans filtre ni fausse modestie. C’est la raison principale. Aussi, je fume du pot et ça me calme. Quand j’ai un show, je bois un peu et ça me dégêne. Tu serais surprise, ceci dit! Le trois-quarts des rappeurs que je connais sont des gars gênés. »
En marge de l’ADISQ, dont il n’est pas encore membre et loin des grandes étiquettes de disques, Shreez fait les choses à sa manière et ça s’avère payant. Populaire sur la plateforme d’écoute en continu Spotify, quoique boudé par les radios commerciales, il a su faire de sa musique un métier en imposant sa vérité.
L’album «On Frap» sera disponible dès vendredi.