Sextorsion : parler des bonnes pratiques, sans tomber dans le «victim blaming»

Félix Pedneault
Les cas de sextorsion ont augmenté au Québec depuis la pandémie. Si on suivait les conseils des campagnes de sensibilisation à ce sujet, il faudrait tout simplement éviter d’envoyer des contenus intimes en ligne, mais ce n’est pas la marche à suivre, selon une experte.
«C’est correct d’envoyer des sextos», affirme d’entrée de jeu Marianne Couture-Cossette, directrice de la sensibilisation à l’organisme Les3sex.
Selon elle, des campagnes contre la sextorsion ont ramené le blâme sur les victimes, plutôt que d’offrir des outils aux personnes pour sexter en sécurité.
«C’est difficile d’en parler et de sensibiliser les plus jeunes quand c’est aussi tabou», déplore Marianne Cossette-Couture.
La sextorsion, c’est lorsque quelqu’un fait chanter une personne en la menaçant de partager ses images ou de l’information intimes. Ça peut être du chantage de nature financière, sexuelle ou professionnelle par exemple.
En théorie, le partage d’images intimes entre des mineurs est considéré par la loi comme un délit qu’on appelle l’auto-exploitation juvénile.
«Pourtant les jeunes le font quand même», rappelle Mme Cossette-Couture, ce qui renforce l’idée qu’il faut leur apprendre à le faire correctement.
«Il faut les sensibiliser au consentement, à bien établir leurs limites si ils ou elles ne sont pas certains de vouloir en envoyer», résume-t-elle.
Elle souligne aussi qu’il est impensable d’envoyer des images intimes à quelqu’un qu’on ne connait pas en vrai. Les cas les plus répertoriés de sextorsion sont justement perpétrés par des inconnus en ligne, souvent affiliés à des réseaux qui trafiquent des images pornographiques.