Mauvais traitements infligés à des garçons: le pasteur Claude Guillot veut une semi-liberté
Au moins deux victimes de ses sévices s’opposent à sa libération


Dominique Lelièvre
Des victimes du pasteur Claude Guillot, condamné pour de nombreux sévices physiques et psychologiques sur cinq garçons qui étaient sous sa garde, s’opposent vivement à toute possibilité que leur bourreau soit remis en liberté sous conditions.
Claude Guillot, qui a maintenant 74 ans, est attendu vendredi pour sa première apparition devant la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC).
L’audience a pour but de déterminer s’il pourrait bénéficier d’une forme de remise en liberté sous conditions, que ce soit sous le régime de la semi-liberté ou celui de la liberté conditionnelle totale, selon un porte-parole de l’organisme fédéral.
Comme il a purgé plus du tiers de sa peine de huit ans de pénitencier, Guillot est potentiellement admissible pour les deux.

De lourdes séquelles
Mais déjà, au moins deux de ses victimes contestent fermement tout type de libération conditionnelle.
«S’il est libéré, et qu’un jour, une famille entre en contact avec lui sans savoir son passé, et qu’un enfant entre sous son autorité, il recommencera», craint Josh Seanosky, dans une déclaration qu’il a rédigée en prévision de l’audience et qu’a obtenue Le Journal.
Troubles de stress post-traumatique et d’anxiété généralisée, attaques de panique, cauchemars récurrents, il souligne être «irréversiblement atteint» parce ce que Claude Guillot, «l’homme qui a brisé [sa] vie», lui a fait subir.

«J’ai été pendant 13 ans l’objet d’un régime de maltraitance organisé, systémique, cruel et profondément destructeur», signale-t-il.
Comme lui, Marc Levasseur, une autre victime du pasteur, relate dans sa déclaration être encore incapable aujourd’hui de retrouver une vie normale.
«Claude Guillot, qui se présente sous les apparences de la droiture, de la piété et de la vertu, est en réalité un individu narcissique, fanatique et extrémiste, utilisant son idéologie religieuse comme un outil de manipulation», prévient-il.

Il ajoute qu’il garde un souvenir «indélébile» de la pièce au sous-sol d’une église où il a subi de mauvais traitements, entre l’âge de 4 et 6 ans, tout comme celui de la «peur au ventre» qui l’envahissait alors.
Dans leurs déclarations, les deux victimes dépeignent un individu qui ne ferait «preuve d’aucun remords» et qui aurait encore de l’influence dans son mouvement religieux.
Longue saga
Rappelons que le septuagénaire est détenu depuis sa condamnation en décembre 2022, qui a mis un terme à une longue saga juridique de sept ans.
Claude Guillot a été reconnu coupable de 18 chefs d’accusation, principalement de voies de fait, de séquestration et de harcèlement.
Coups de palette de bois, privation de repas et d’eau, journées entières à devoir rester debout et immobiles: les victimes, cinq garçons qui avaient de 4 à 20 ans, ont vécu un cauchemar, alors qu’ils avaient été confiés au pasteur par leur famille.
Les infractions ont été commises sur une période allant de 1982 à 2014, dans une école Baptiste de Victoriaville où il était directeur et plus tard dans son domicile du quartier Neufchâtel, à Québec.
Guillot n’en a pas encore fini avec la justice, puisqu’une action collective a été intentée contre lui, des églises baptistes et leur association.
Cette cause en chambre civile doit d’ailleurs débuter en novembre à Québec.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.