Seulement une poignée de commerçants fermeront plus tard la fin de semaine
Les nouvelles mesures permissives du projet pilote de la CAQ sont impopulaires

Louis Deschênes et Mathieu Boulay
Le projet pilote de la CAQ visant à prolonger les heures d’ouverture des commerces la fin de semaine dans certaines villes s’annonce comme un échec.
Pour la première fois ce samedi, les commerçants de Saint-Georges, de Laval et de Gatineau pourront rester ouverts jusqu’à 20h sur une base volontaire.
Toutefois, seulement une poignée de ces bannières dans les trois villes sélectionnées fermeront leurs portes plus tard.
Sur les 42 commerces du Carrefour Saint-Georges, en Beauce, seul le magasin Winners a décidé de se prévaloir de cette permission spéciale.
La directrice marketing du Groupe Mach explique que tous les locataires ont pourtant été avisés de la possibilité, mais que très peu ont levé la main.
«C’est un effet d’entraînement. Si tout le monde est ouvert, il va y avoir des gens, mais si personne n’est ouvert, ça pourrait être l’effet contraire», souligne Alexandra Bélanger.
Dans les circonstances, le magasin Winners utilisera son entrée extérieure indépendante pour accueillir la clientèle.
«C’est un beau défi [de main-d’œuvre], mais nous avons une belle équipe», lance la gérante de la succursale, Sabrina Delor.
Pas très populaire
Au Centre Laval, la boutique Le Naturiste sera une des seules qui resteront ouvertes samedi et dimanche jusqu’à 20h.
«C’est une bonne idée. J’ai plusieurs clients qui réclament des heures prolongées. Ils rentrent, ils achètent et repartent. Je suis sûr que ça va fonctionner, mais il faut attendre quelques semaines d’essais pour avoir une idée juste», affirme la gérante Nina Agabenova.
En contrepartie, la très grande majorité des locataires interrogés par Le Journal ont indiqué que cette nouvelle mesure était très impopulaire auprès du personnel et des propriétaires.
«Ça ne fonctionnera pas. C’est stupide. Lors du week-end, tout le monde veut partir à la maison à 17h», assure Sarkis Sacherian, employé de la bijouterie LaPerla.
Le respect des heures d’ouverture imposées par les centres commerciaux cause déjà bien des maux de tête aux gestionnaires qui roulent à perte.
«Le vendredi, en raison du faible achalandage, on ferme à 19h. On sait que notre sentiment est partagé par plusieurs autres commerçants», ajoute M. Sacherian.
D’autres chaînes vont se donner un peu de temps pour réfléchir pour voir si elles vont aller de l’avant d’ici Noël, comme la boutique Ardene et le Best Buy de Saint-Georges.
Plus de liberté
En vigueur le 2 octobre, le projet pilote s’échelonnera sur un an.
Ces trois villes ont été spécifiquement sélectionnées pour analyser les besoins dans les zones régionales, urbaines et frontalières.
«Est-ce que c’est au gouvernement de trancher? Les lois du marché devraient prévaloir», se questionnait l’ex-ministre délégué à l’Économie Christopher Skeete au moment de l’annonce.
Une liberté que le chef de la direction du Groupe Dynamite, Andrew Lutfy, aimerait bien obtenir pour ses boutiques.
«Le Québec, c’est le seul marché, la seule province ou le seul État en Amérique du Nord où les heures de fermeture sont à 5h le samedi et le dimanche. Ça n’a aucun bon sens», a déclaré l’homme d’affaires la semaine dernière.
– Avec Amanda Moisan, Agence QMI
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