2 milliards d’arbres d’ici 2030 promis par Ottawa: seulement 2,3% des arbres plantés après deux ans

Raphaël Pirro
La promesse de Justin Trudeau de planter 2 milliards d’arbres d’ici 2030 tarde à prendre racine: le commissaire à l’environnement juge l’atteinte de l’objectif «peu probable» puisque seuls 2,3% des arbres prévus auraient été plantés jusqu’ici.
Dans un rapport remis au Parlement jeudi, le commissaire Jerry V. DeMarco met la faute sur l’absence d’accords à long terme signés avec les provinces et les territoires, et suggère à Ottawa d’accélérer la cadence.
«Les retards dans la signature des accords ont non seulement entravé la capacité de Ressources naturelles Canada à planter le nombre estimé d’arbres pour 2022, mais ils auront aussi une incidence sur les années subséquentes, pour lesquelles des objectifs de plantation encore plus ambitieux ont été établis», écrit le commissaire.
- Écoutez l'entrevue avec Steven Guilbeault, Ministre de l'Environnement et du Changement climatique à l’émission de Philippe-Vincent Foisy via QUB radio :
En 2022, par exemple, les accords signés jusqu’ici auraient permis de planter 16,5 millions d’arbres, loin des 60 millions initialement prévus dans le plan décennal.
La promesse de planter 2 milliards d’arbres pour capter le carbone était l’une des idées phares du camp libéral aux élections fédérales de 2019.
«Le gouvernement du Canada fait des progrès significatifs et reste confiant dans sa capacité à planter deux milliards d’arbres et à réduire les émissions dans le cadre du programme au cours de la prochaine décennie», a commenté la porte-parole du ministre de l’Environnement Steven Guilbeault.
Il faut ajouter que le projet émettra plus de gaz à effet de serre qu’il n’en captera pendant les dix prochaines années. Or, les arbres porteront fruit de manière croissante à partir des années 2030, puisqu’il faut du temps pour que ceux-ci grandissent suffisamment pour exploiter leur potentiel de captation.
- Écoutez l’entrevue avec Simon Côté, coordonnateur chez Arbre-Évolution, à l’émission de Mario Dumont via QUB radio:
Ottawa écorché par d’autres rapports
En plus de l’audit sur la plantation d’arbres, le commissaire DeMarco a servi quatre autres rapports qui portent ombrage aux actions du gouvernement en matière d’environnement, notamment en ce qui a trait à la protection des espèces en péril.
Même si «le gouvernement fédéral a le pouvoir d’intervenir pour contrer les menaces imminentes pesant sur les espèces», celui-ci «manque des initiatives et des politiques pour orienter ses actions».
«Les mesures prises par [le ministère] ne reflètent pas l’urgence de la crise de la biodiversité mondiale», a déclaré M. DeMarco en conférence de presse. Il note que 146 des 257 plans d’actions nécessaires pour protéger les espèces n’ont pas encore été produits.
D’autre part, le gouvernement n’évalue pas l’impact individuel sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de certaines de ses mesures environnementales.
À titre d’exemple, le commissaire a trouvé que certaines sources importantes d’émissions de méthane, gaz au potentiel réchauffant environ 25 fois plus important que le CO2, n’étaient pas prises en compte dans les analyses du gouvernement.