Serge Fiori: comme un enfant, on ne vit qu’une fois...


Josée Legault
Tout doucement, son âme s’est envolée à l’aube de la fête nationale. À 73 ans, Serge Fiori a quitté la grande scène de la vie avec sa discrétion légendaire. Son cœur, si généreux, a pris congé.
Tout au long de son chemin, cet homme nous aura honorés de ses talents exceptionnels d’artiste, de parolier, de mélodiste, de musicien et d’interprète.
La vérité est qu’on l’aime à la vie à la mort. Sa voix, chaude comme un matin d’été, nous habitera toujours.
«Comme un enfant, on ne vit qu’une fois.» Avec Harmonium, son groupe mythique des années 1970, ces mots puissants, il nous les chantait pour nous rappeler l’extrême fugacité de nos vies.
Un enfant heureux de la balle
Serge Fiori, comme l’enfant heureux de la balle qu’il a été avec son papa musicien, n’aura peut-être vécu qu’une fois, mais suffisamment pour remplir au moins sept vies à ras bord.
À la fois lumineux de son rire éclatant et sombre de ses angoisses, malgré ses airs involontaires de messie aux cheveux angéliques et au regard envoûtant, il se sera surtout montré profondément humain.
Un homme amoureux des gens, de la musique et de son Québec, qu’il savait tellement capable de mieux, de plus grand et de plus beau.
Serge Fiori, pour moi, c’est tout d’abord l’incarnation de la liberté véritable. La liberté d’être et non de paraître. Celle dont le prix à payer est toujours lourd.
En chacun de nous
Créateur et visionnaire, il est dorénavant en chacun de nous. Tous ceux, dont je suis, ayant aussi eu le bonheur de le voir sur scène avec Harmonium n’en oublieront jamais la transcendance. Un musicien magicien comme nul autre.
Le 24 juin, le sage est monté dans les nuages. Que voit-il dans le bleu du premier ciel? Voit-il nos larmes? Voit-il l’immensité de notre reconnaissance et de notre admiration? Pour un instant, j’ose espérer que oui.
Vendredi, je vous parlerai de ma rencontre inoubliable avec Serge Fiori.