Séparation Justin Trudeau: impact nul sur l’électorat prévoient les experts

Anne Caroline Desplanques
L’impact politique de la séparation de Justin Trudeau et de Sophie Grégoire devrait être nul, du moins chez les électeurs, estiment deux experts.
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«Pour la plupart des Canadiens, ça montre plutôt que Justin Trudeau est quelqu’un comme tout le monde», estime Geneviève Tellier, du Centre d’analyse des politiques publiques à l’Université d’Ottawa.
«Les gens vont se reconnaître dans cette situation. Ils (Justin Trudeau et Sophie Grégoire) vont jouir de plus de compassion qu’autre chose», complète Louis Aucoin, Stratège en communication chez Tesla RP et ex-directeur des communications du Bloc québécois.
En 2019, 18% des enfants de 1 à 17 ans au Canada avaient vécu la séparation ou le divorce de leurs parents au cours de leur enfance, d’après Statistique Canada, un taux encore plus élevé au Québec, à 23%.
Les conjoints influencent la politique
L’impact de la séparation du couple ne sera toutefois pas nul sur le quotidien et l’état d’esprit du premier ministre, soulignent Mme Tellier et M.Aucoin.
Jean Chrétien disait toujours que son épouse Aline était sa première conseillère, rappelle Mme Tellier, et le rythme des campagnes électorales de Bernard Landry n’échappait pas aux volontés de son épouse, Chantale Renaud, avec qui il décidait des horaires des conférences de presse, raconte M.Aucoin.
Tous deux indiquent que les conjoints ont souvent une influence profonde sur les hommes et les femmes politiques, qu’il s’agisse de leur look, de leurs horaires, de leurs déplacements et même de leurs priorités politiques.
Mme Tellier note que Sophie Grégoire est très interpellée par les enjeux de santé mentale et d’égalité des sexes, ce qui n’a pas manqué d’influencer Justin Trudeau.
Dans la même veine, l’impact de la première dame américaine, Jill Biden, est notable auprès de Joe Biden qui a fait de l’éducation une priorité de son gouvernement sous l’influence de son épouse.
Vers la prochaine campagne
Mme Biden est aussi une carte maîtresse en campagne, se déplaçant même plus souvent que son époux. Son avis est d’ailleurs clef dans la décision du président américain de se présenter une seconde fois.
Sophie Grégoire est, elle, beaucoup plus effacée en campagne électorale, souligne M.Aucoin.
«Justin Trudeau est souvent seul. On est déjà habitué à ça, donc ça ne changera rien», dit-il.
Par contre, ses adversaires politiques pourraient bien profiter de la situation. L’épouse du chef conservateur, Anaida Poilievre, a été un atout durant la course à la chefferie et ne manquera pas de jouer un rôle durant la prochaine campagne fédérale, note Mme Tellier.
De même au sein même du Parti libéral, «des concurrents vont se demander s’il (Justin Trudeau) est autant capable d’assumer son rôle» prévoit M.Aucoin.