Sénégal: un militaire canadien au comportement violent et raciste est rétrogradé

Raphaël Pirro
Un militaire du 22e Régiment royal envoyé au Sénégal a été reconnu coupable d’avoir menacé avec son arme des enfants et foncé vers eux avec un véhicule, en plus d’avoir tenu à plusieurs reprises des insultes grossièrement racistes lors de son passage dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, de janvier à mai 2019.
Le 6 novembre 2020, la juge de cour martiale générale Catherine Julie Deschênes a condamné l’ex-sergent Marc-André Lévesque à trois mois de prison. Ce dernier a aussi été rétrogradé au poste de caporal, et s’est faire interdire la possession de toute arme pour une période d’un an.
Le document judiciaire fait état d’un «comportement haineux» de la part du militaire, qui a plaidé coupable à quatre chefs d’accusation.
En plus de s’être servi de son arme non chargée pour effrayer des enfants, celui-ci a insulté les habitants locaux de diverses façons, leur lançant des «criss de nègres»; «esti de black»; «esclave»; «criss de noir»; «criss de singe».
«Les criss de nègres, je vais aller leur calisser une volée dans la cuisine puis je vais les crisser en feu, anyway ça ne changera pas grand-chose ils sont déjà brulés. Criss de gang de pas bons», a-t-il aussi avoué avoir lancé.
Toutes ces actions se sont déroulées sous les yeux de ses subalternes.
Alors qu’il faisait face à une dénonciation de la part d’un de ceux-ci, il aurait fait savoir que la personne en question «était mieux de dormir avec un œil ouvert».
Le rôle de l’ex-sergent était de faire la patrouille à un centre opérationnel canadien situé près de l’aéroport de Dakar, la capitale sénégalaise. Ce n’était toutefois pas la première mission à l’étranger pour le militaire québécois.
Marc-André Lévesque a fait son entrée dans les Forces armées canadiennes en 2004, à l’âge de 18 ans. Il a été déployé trois fois en Afghanistan, entre 2007 et 2011, et en est revenu avec un diagnostic de stress post-traumatique.
Le témoignage de son ex-conjointe fait état d’un homme qui sautait au sol chaque fois qu’il entendait des feux d’artifice et qui préférait dormir directement par terre. Celui-ci se confiait à elle «surtout lorsqu’il consommait de l’alcool».
En conséquence de son témoignage, «la Cour accepte que les actions du sergent Lévesque aient pu, d’une certaine manière, être affectées par sa souffrance psychologique prédéploiement», a émis la juge Deschênes.
«Sa détresse et souffrance psychologique à l’époque de la commission des infractions, qui bien qu’elle ne nie pas son état d’esprit répréhensible, vient nuancer sa conduite», a-t-elle ajouté.
Toujours dans le cadre du procès, son ex-conjointe a affirmé «lui avoir demandé à maintes reprises d’aller consulter».
«Malgré [les demandes de son ex-conjointe], le contrevenant n’a pas cherché à obtenir des soins en santé mentale avant [d’être déployé] en Afrique», est-il écrit dans le jugement.
Son ex-conjointe «ne le croyait pas apte à [être déployé] et comptait partager ses préoccupations avec la chaîne de commandement du sergent Levesque», mais cela ne s’est pas produit puisqu’elle «n’a pas été contactée dans le processus de vérification de prédéploiement».
Celle-ci a soutenu qu’«après sa libération des Forces armées canadiennes, le sergent Lévesque a eu de la difficulté à avoir de l’aide».
À son retour du Sénégal, à la fin de 2019, M. Lévesque a tenté de s’enlever la vie.
Me Deschênes rapportait au moment du jugement que le coupable était suivi par un psychologue depuis un an et qu’il «fait des progrès» et «se porte mieux».