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L'article provient de Le Journal de Montréal

Voici pourquoi une saine alimentation aide à prévenir le cancer du poumon

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Photo portrait de Richard Béliveau

Richard Béliveau

2025-04-27T09:00:00Z
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Selon une fascinante étude récente, une alimentation de type occidental riche en sucre et en gras accélère la progression du cancer du poumon en favorisant l’accumulation d’énergie sous forme de glycogène dans les cellules tumorales.

Il est bien établi que le tabagisme augmente de façon dramatique le risque de cancer du poumon, notamment les cancers nommés «non à petites cellules» (CPNPC) qui représentent de 85 à 90% de tous les cancers du poumon diagnostiqués. Cependant, l’incidence de ces cancers du poumon est tellement étroitement associée au tabac qu’on oublie qu’une proportion significative (10-15%) de personnes qui n’ont jamais fumé de leur vie peuvent également être touchées par ce cancer, en particulier l’adénocarcinome pulmonaire, la forme la plus fréquente des cancers CPNPC.

L’identification des facteurs responsables du développement de ce cancer chez les non-fumeurs est donc d’une grande importance.

Alimentation anticancer

Comme c’est le cas pour la plupart des cancers, d’innombrables études épidémiologiques ont observé un lien entre la nature de l’alimentation et le risque de cancer du poumon.

Par exemple, la consommation régulière de fruits et de légumes, en particulier les crucifères (choux, brocoli, etc.) est associée à une diminution importante du risque, tout comme celle d’aliments riches en polyphénols comme le thé vert et le café. (1)

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À l’inverse, une alimentation pauvre en végétaux et reposant principalement sur la consommation d’aliments ultra-transformés et de produits d’origine animale, ce qui correspond à l’alimentation actuelle de la majorité des Nord-Américains, a été associée à une hausse du risque. (2)

Accumulation de glycogène

Dans une étude récente, on suggère que l’impact négatif de ce type d’alimentation occidentale pourrait être étonnamment lié à une accumulation de glycogène dans les cellules tumorales du poumon. (3)

Le glycogène est un polymère de glucose qui sert de réserve d’énergie à l’intérieur des cellules. Il est particulièrement abondant au niveau du foie où il joue un rôle crucial dans le contrôle de la glycémie ainsi que dans les muscles, où le glycogène représente le principal carburant pour fournir le glucose et l’ATP nécessaires à la contraction musculaire lors d’un exercice prolongé.

La recherche des dernières années a cependant montré que plusieurs cellules cancéreuses possèdent également la capacité d’accumuler du glycogène et il est probable que ce stockage participe à leur survie en leur procurant l’énergie nécessaire pour compenser la carence en oxygène et en nutriments du micro-environnement de la tumeur, associée au développement tumoral qui consomme beaucoup d’énergie métabolique.

Ce phénomène semble être à l’œuvre dans le cancer du poumon: l’examen d’échantillons provenant d’adénocarcinomes pulmonaires humains indique que les tumeurs plus agressives contiennent de plus grandes quantités de glycogène et que cette accumulation est corrélée avec une probabilité de survie plus faible pour les patients.

Dans des modèles animaux, un régime alimentaire de type occidental, riche en graisses et en sucre est associé à une augmentation du glycogène dans les tumeurs pulmonaires et une accélération de leur progression, tandis qu’à l’inverse, incroyablement, une manipulation génétique qui empêche la synthèse de glycogène élimine la croissance des tumeurs.

En somme, ces résultats confirment que l’impact préventif d’une alimentation de qualité ne se limite pas aux cancers du système digestif comme ceux du côlon, du foie ou encore du pancréas, mais influence aussi d’autres types de cancers dans des tissus qui ne sont pas en contact étroit avec ce que nous mangeons, comme celui du poumon.


RÉFÉRENCES

(1) Karimi E et coll. «Diet, glutathione S-transferases M1 and T1 gene polymorphisms and cancer risk: a systematic review of observational studies». Br. J. Nutr. 2025 Feb 21:1-35.

(2) Zhu W et coll. «Plant-based dietary patterns, genetic risk, proteome, and lung cancer risk: a large prospective cohort study». Eur. J. Nutr. 2025; 64:89.

(3) Clarke HA et coll. «Glycogen drives tumour initiation and progression in lung adenocarcinoma». Nature Metabolism, publié le 11 mars 2025.

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