Selon une étude: les feux de forêt de 2023 auraient coûté plus de 8G$ à la société québécoise

La saison record de feux de forêt qui a fait rage sur le territoire québécois à l’été 2023 aurait coûté plus de 8 milliards $ à la société, d’après une vaste étude menée par des chercheurs spécialisés en évaluation des risques liés aux changements climatiques. 

Après plus d’un an de travail, la firme québécoise spécialisée en gestion des changements climatiques Nada Conseils a publié jeudi un rapport de 111 pages portant sur l’évaluation économique des impacts des feux de forêt de 2023.

Avec 713 feux de forêt, 4,3 millions d’hectares brûlés et 27 000 personnes évacuées de 26 municipalités et communautés autochtones, ces brasiers représentent un fardeau collectif de 8,9G$, selon les calculs de l’organisation.

«On a décidé d’axer la recherche sur les coûts parce que c’est ce qui risquait de parler le plus aux gens, fait valoir le chercheur et cofondateur de Nada Conseils Laurent Da Silva. Même si les feux de 2023 n’ont pas rasé de villes, on parle de montants très importants. Ça reflète bien l’importance de la forêt dans l’économie et la société québécoise.»

Tous les angles

Pour arriver à cette somme colossale, l’équipe de 15 chercheurs universitaires et indépendants a pris en compte de nombreux facteurs, divisés en quatre catégories: les coûts pour les citoyens, les gouvernements, les entreprises et les écosystèmes.

La facture pour les populations, que ce soit en vies humaines ou en dommages matériels, est évaluée à 935M$. Même s’il est nettement plus difficile d’évaluer les déboursés en matière de santé, M. Da Silva soutient que l’estimation est dans la fourchette basse.

«Nous avons sondé 170 ménages dans les villes touchées et nous avons extrapolé ces données à toute leur population. On arrive à un résultat assez fiable au final. Et on ne prend même pas en compte la santé mentale, qui a un coût elle aussi, mais qui est trop difficile à quantifier.»

Beaucoup plus faciles à déterminer, les dépenses des instances gouvernementales, y compris celles des municipalités, s’élèvent à 1,12G$ pour la gestion de la crise et l’instauration de mesures d’atténuation pour l’avenir.

Pertes immenses

Une encore plus forte proportion des coûts est toutefois associée aux immenses pertes de revenu observées par les industries forestière et minière, que les chercheurs estiment être de 3,7G$.

«On a non seulement pris en compte les pertes occasionnées directement par les feux en 2023, mais aussi la baisse du potentiel d’exploitation de la forêt en attendant que la végétation repousse dans les prochaines décennies», poursuit l’économiste spécialisé en impacts des changements climatiques.

Les rejets de carbone dans l’atmosphère, leur impact sur les écosystèmes et les risques que ce phénomène accélère le réchauffement climatique pourraient coûter jusqu’à 3,1G$, toujours d’après les calculs de Nada Conseils, qui s’est basée sur une panoplie d’études universitaires sur la qualité de l’air à la suite d’événements comparables.

Réflexion à long terme

Ce premier rapport s’inscrit dans le cadre d’un ambitieux projet qui vise à améliorer la prise de décision en lien avec les brasiers forestiers dans un contexte de changements climatiques. Deux autres phases sont à venir en lien avec ce même sujet.

«On sait que c’est un phénomène qui risque de s’aggraver dans les prochaines années et il faut en être conscients. Notre but, c’est de réfléchir aux meilleurs outils qui pourraient être utiles pour éviter et prévenir les catastrophes comme 2023. On veut aussi offrir une solution concrète et réaliste, alors on va se pencher sur le coût de ces mesures», conclut Laurent Da Silva.