Le TGV Québec-Toronto va bel et bien se réaliser, assure le PDG du projet


Taïeb Moalla
Le TGV (train à grande vitesse) qui doit relier Québec à Toronto en passant par Montréal et Ottawa sur une distance d’environ 1000 km est «un projet bien né» qui va se réaliser au cours des prochaines années, a assuré Martin Imbleau.
C’est du moins ce que le PDG d’Alto (nouveau nom du TGV) a soutenu, lundi, en entrevue avec Le Journal. Ce dernier est de passage à Québec pour donner une conférence au congrès de l’AQTR (Association québécoise des transports).
«Avant-hier, on avait des idées. Hier, on avait des concepts. Aujourd’hui, on a un projet. L’équipe d’Alto travaille depuis 18 mois avec ses partenaires gouvernementaux à établir des hypothèses de travail. On a maintenant une société de la Couronne dont l’unique mandat est de développer le projet. On a 150 personnes qui sont dédiées à développer le projet [...] C’est un go pour le TGV», a affirmé M. Imbleau.

Rappelant que le projet a été formellement lancé le 19 février dernier par l’ancien premier ministre Justin Trudeau, le PDG a ajouté ceci: «On est bien né. Ça n’a jamais été fait dans l’histoire du pays.»
Ce dernier n’a pas montré d’inquiétudes particulières quant aux aléas politiques ou électoraux. Même si des imprévus font par définition partie de l’équation, le haut dirigeant d’Alto a rappelé que plusieurs élections (fédérales, provinciales et municipales) auront, de toute façon, lieu dans les prochaines années au Canada et qu’un consortium de «partenaires privés mondiaux expérimentés» a d’ores et déjà été sélectionné pour réaliser le TGV.
Contribution au PIB
Selon des hypothèses de travail préliminaires, le coût du mégaprojet serait compris entre 60G$ et 90G$. Il s’agit essentiellement de dépenses publiques même si une partie viendra également de l’argent privé. Ces chiffres seront affinés au cours des quatre à six prochaines années lors de la phase de développement.
Martin Imbleau calcule que la contribution du TGV au PIB du Canada représentera 25G$ par année dès la mise en service. «En quelques années, on va générer plus de bénéfices avec la création de richesse du PIB que le coût du projet», s’est-il enthousiasmé.

Échéancier et raccordement
Promettant de fournir «un calendrier rigoureux» dans les prochains mois, le PDG d’Alto est demeuré très prudent quand il a été question d’échéanciers précis. Il a juste lâché qu’un premier tronçon du TGV pourrait être inauguré «probablement dans 10 à 12 ans». Il est toutefois impossible de savoir, à ce stade-ci des analyses, de quel tronçon il est question.
Idem pour le projet global, qui sera divisé en trois ou quatre phases. Le Journal a soumis l’année 2045 pour une inauguration du tracé de près de 1000 km. Tout en laissant entendre que cela pourrait se faire avant, Martin Imbleau a soigneusement évité de se prononcer.
Par contre, ce dernier a insisté sur deux points fondamentaux à ses yeux. D’abord, le TGV sera «interconnecté» aux réseaux de transports urbains existants. Pour Québec, le TGV devra donc obligatoirement être raccordé au futur tramway même si l’emplacement de la gare de TGV de Québec n’est pas encore décidé. Vu le développement de Québec, M. Imbleau a glissé qu’il «n’est pas sûr» que la gare du Palais sera l’endroit le plus indiqué pour une gare de TGV.

Aussi, le PDG a martelé l’importance que le coût d’un billet de TGV soit «abordable» pour les usagers, à l’image de ce qui se fait en Europe. La rapidité, la fiabilité, la fréquence et les prix abordables sont des conditions nécessaires au succès du projet, selon lui.
Selon les données d’Alto, il sera possible de faire Québec-Montréal en 1h29 et Montréal-Toronto en 3h07. Outre les deux extrémités (Québec et Toronto), le TGV doit passer par Trois-Rivières, Laval, Montréal, Ottawa et Peterborough. Le Canada est le dernier pays du G7 à ne pas avoir de TGV.
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