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L'article provient de TVA Nouvelles

Sécurité routière et alcoolémie: qu’a-t-on à perdre outre quelques vies de plus?

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André Durocher, directeur sécurité routière et Fondation CAA-Québec

2025-04-25T04:00:00Z
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La société québécoise est prête à franchir une nouvelle étape en matière de sécurité routière. Depuis des années, un consensus grandissant se forme autour de la nécessité de resserrer les règles contre la conduite avec les facultés affaiblies par l’alcool.

CAA-Québec demande depuis dix-huit ans au gouvernement de considérer l’imposition de sanctions administratives aux conducteurs présentant une alcoolémie de 50mg/100ml, et nous sommes loin d’être les seuls.

En 2023, à la suite du décès de Mme Stéphanie Houle, le coroner Yvon Garneau recommandait au ministère des Transports et de la Mobilité durable et à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) de réaliser dans les plus brefs délais une analyse sur la faisabilité d’abaisser le seuil limite d’alcool dans le sang. La SAAQ s’est d’ailleurs dite favorable à la mesure, qui, selon l’analyse, permettrait d’éviter chaque année de 3 à 9 décès et près de 10 blessés graves.

Sanctions administratives immédiates

Pour sa part, la coroner Geneviève Thériault recommandait le 7 avril dernier que la SAAQ fasse les démarches nécessaires pour que soit modifié le Code de la sécurité routière afin que des sanctions administratives immédiates soient imposées aux conducteurs présentant une alcoolémie d’au moins 50mg/100ml.

Cette recommandation concluait un rapport troublant sur les circonstances du décès d’un automobiliste de la région de l’Outaouais, dont la voiture a été happée par un conducteur qui avait été intercepté par les policiers dans les heures précédant le drame. Son taux d’alcool se situait entre 0,05 et 0,099, soit en deçà de la limite actuellement permise.

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Et ce n’est pas tout, en 2010, un avis scientifique de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) abondait aussi dans le sens de la réduction de la limite d’alcool permise dans le sang pour la conduite d’un véhicule automobile.

L’INSPQ a d’ailleurs rappelé les conclusions de cet avis dans une communication en ligne en novembre 2023. On peut y lire que, «selon une étude québécoise, conduire avec une alcoolémie variant entre 51 et 80mg d’alcool par 100ml de sang augmente d’environ quatre fois le risque de collision mortelle».

Succession de demandes

Ces voix s’ajoutent donc à la nôtre, qui recommande ces actions en matière de lutte et de sensibilisation à l’alcool au volant depuis 2007, notamment dans un mémoire rédigé dans le cadre des consultations particulières sur les projets de loi 42 et 55 modifiant le Code de la sécurité routière.

Puis, notre organisation est revenue à la charge dans les mêmes circonstances en 2010 (projet de loi 71), en 2022 (projet de loi 22) et en 2024 (projet de loi 48). Ce n’est donc pas d’hier que nous demandons au gouvernement d’agir afin de dissuader les automobilistes de prendre le volant après avoir consommé de l’alcool, mais nos demandes restent lettre morte.

Que faut-il de plus que des recommandations de plusieurs coroners, des publications scientifiques et des avis d’experts en sécurité routière pour que le gouvernement s’engage à modifier le Code de la sécurité routière, avec pour effet d’éviter des accidents et ultimement de sauver des vies?

Photo fournie par CAA
Photo fournie par CAA

André Durocher, directeur sécurité routière et Fondation CAA-Québec

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