«Sécurité nationale»: des caméras chinoises bannies en vente sur Amazon
Le géant chinois Hikvision nie en bloc les accusations d’espionnage émanant du nouveau gouvernement Carney

Francis Halin
Amazon vend toujours aux Québécois des caméras chinoises Hikvision quatre jours après leur interdiction au pays pour des raisons de «sécurité nationale».
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«Le gouvernement doit envoyer un message fort: Amazon doit cesser d’en vendre», plaide Karim Ganame, PDG de la firme de sécurité informatique StreamScan.
«Ça va prendre du temps avant de les bannir parce qu’il y a des revendeurs partout dans le monde. Les prix sont alléchants», observe Paul Laurier, ex-enquêteur à la Sûreté du Québec (SQ) formé par le FBI.
Interrogée par Le Journal, Amazon a répondu que «les articles tels que ceux mentionnés ici sont actuellement légaux selon les lois en vigueur».
«Amazon continuera de surveiller la situation et s'adaptera à tout développement concernant la réglementation et la conformité de ces articles», assure-t-on.
Mélanie Joly agit
Vendredi dernier, la ministre canadienne de l’Industrie, Mélanie Joly, a exigé que le fabricant de caméras Hangzhou Hikvision Digital Technology Co (Hikvision) cesse ses activités.
«Cette décision découle d’un processus d’examen en plusieurs étapes, fondé sur les informations et les preuves fournies par la communauté canadienne du renseignement et de la sécurité», a-t-elle déclaré, six ans après que les États-Unis eurent mis la société sur une liste noire.
La ministre économique du gouvernement Carney a forcé Hikvision à fermer sa branche canadienne en Ontario (Mississauga) et au Québec (Montréal) pour des raisons de «sécurité nationale».
Ma déclaration concernant Hikvision Canada Inc. à la suite d’un examen en matière de sécurité nationale en vertu de la Loi sur Investissement Canada: pic.twitter.com/MfV0LN68Ha
— Mélanie Joly (@melaniejoly) June 28, 2025
Ottawa a également banni l’achat ou l’utilisation de ces produits par ses ministères, ses agences et ses sociétés d’État et a conseillé par la bande aux Canadiens d'éviter d'en acheter.
Caméras de surveillance
Ce n’est pas la première fois que le numéro 1 mondial d'équipements de vidéosurveillance est pointé du doigt pour les risques allégués en matière de sécurité nationale ainsi que pour sa participation à la répression de la minorité musulmane ouïghoure en Chine (région du Xinjiang, dans le nord-ouest du pays).
Il y a deux ans, notre Bureau d’enquête rapportait qu’une cinquantaine d’organismes publics québécois utilisaient des caméras de surveillance Hikvision.
Le ministère québécois de la Cybersécurité et du Numérique avait par la suite annoncé que les ministères, les sociétés d’État et les établissements d’enseignement et de santé ne pourraient plus s'en procurer.
Hikvision se défend
Interrogée par Le Journal ces derniers jours, Hikvision a vertement dénoncé l’interdiction unilatérale d’Ottawa, qu'elle perçoit comme un affront.
Le géant a qualifié les allégations canadiennes de «non fondées». L’entreprise asiatique rejette ce «parti pris injustifié contre les entreprises chinoises».

«Le gouvernement a imposé sa décision sans présenter de preuves ni tenir compte des éléments factuels que nous avons fournis», critique Hikvision.
Il y a cinq ans, Le Journal révélait qu’alors que les Américains songeaient à bannir cette fois les drones chinois DJI pour des raisons de sécurité, des experts mettaient en garde contre les risques d’espionnage liés à ces appareils vendus chez nous.

Hikvision
- Fondation: 2001
- Employés: 59 000
- PDG: Hu Yangzhong
- Siège social: Hangzhou
- Profits (en 2024): 2,7 milliards $
Source: Forbes
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