«Secrets et péchés de l’Église»: l’aveuglement volontaire de l’Église révélé au grand jour

Caroline Lepage | Agence QMI
Les moyens qui ont permis à l’Église catholique de Montréal d’éviter de se pencher sur les abus sexuels commis par un membre du clergé pendant des décennies sont dévoilés et détaillés dans le nouveau documentaire de notre Bureau d’enquête «Secrets et péchés de l’Église».
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Ce grand reportage, diffusé dès jeudi sur la plateforme Vrai, illustre les failles profondes dans la supervision des prêtres montréalais. Le sujet des religieux abuseurs est d’ailleurs revenu à l’avant-scène de l’actualité depuis les récentes allégations d’agression sexuelle visant le cardinal Marc Ouellet.

«Secrets et péchés de l’Église» donne la parole à l'ex-juge Pepita Capriolo, qui a publié un rapport de 276 pages sur le cas de l’ancien prêtre Brian Boucher à l’automne 2020. On y apprend comment Boucher a pu commettre impunément ses crimes pendant 30 ans, avant d’être condamné en 2019 à huit ans de prison pour avoir agressé deux garçons. «C’est un cas sévère d’abus», commente le journaliste d’enquête Jules Richer.
Images inédites
M. Richer et le réalisateur Manu Chataigner dressent dans ce grand reportage le portrait de Boucher, un abuseur pédophile et expert en manipulation. Durant leur enquête, ils ont interviewé des intervenants clés et capté des images inédites, en revisitant notamment les paroisses où les crimes de Boucher ont été commis.
La caméra nous permet aussi de découvrir le centre d’archives secrètes du diocèse, comprenant tous les dossiers de plaintes sous la gestion unique l’archevêque de Montréal, Christian Lépine, qui démystifie son fonctionnement.
«Nous dire non [pour accéder à la salle des archives] aurait été un signe qu’ils avaient encore quelque chose à cacher», soulève M. Chataigner.
Porte-parole des victimes
À ce jour, l’archidiocèse de Montréal a mis en application 30 des 31 recommandations de son rapport, dont la nomination d’une «ombudsman», Me Marie Christine Kirouack. Dans le documentaire, celle-ci explique avec aplomb son rôle de défenseuse des victimes.
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Selon Jules Richer, le côté sombre de Boucher est contrebalancé dans le documentaire par la présence de Pepita Capriolo et Marie Christine Kirouack. Ces deux femmes fortes «n’ont pas eu peur de mettre le doigt sur les multiples failles de l’Église de Montréal», dit le journaliste.
Son collègue et lui sont satisfaits d’avoir mis en lumière leur travail extraordinaire et espèrent qu’il perdurera pour éviter d’autres abus.
«Les choses ont bougé, mais ça reste choquant de voir qu’encore récemment, dans les années 2000, il y avait cette opacité, cette omerta qui a débouché dans un cas comme celui de Boucher», dit M. Richer.