Sean Monahan: l'effet de surprise est total

Jean-Charles Lajoie
Parfois on désespère de constater que des évidences à nos yeux ne trouvent pas leur équivalent aux yeux des autres. Depuis le jour 1 de la saison que je milite pour loger Sean Monahan à la droite de Nick Suzuki et Cole Caufield.
Dès le deuxième match de la saison, la perte pour le reste de la campagne de Kirby Dach m’a ralenti dans mes ardeurs sur un moyen temps. Avec l’absence de Christian Dvorak pour encore 5 à 6 semaines, il devenait impensable de se priver des services de Monahan au centre.
Je m’explique toujours aussi mal par contre que l’expérimenté Monahan, dans la fleur de l’âge, a accepté un pacte d’une seule saison à salaire réduit pour démontrer qu’il était 100% rétabli de ses blessures aux hanches. Monahan, seul membre de l’organisation du CH à avoir déjà amassé 80 points ou mieux en une même saison, se retrouve vissé au centre du troisième trio, plus souvent qu’autrement avec des ailiers de désespoir.
Dvorak, finalement revenu au jeu en novembre, j’ai tout de suite conclu que Martin allait jumeler Monahan à Suzuki et Caufield afin de les stimuler, de les relancer, eux qui étaient en panne sèche. Au lieu de ça, on a eu droit à la séparation du duo d’inséparables du Canadien, le seul duo digne d’un couple dans cette équipe, d’ailleurs qualifié ainsi par le «coach» lui-même en fin de semaine. Et Monahan, lui, toujours stationné au centre du troisième trio avec deux causes perdues sur les ailes.
Encore une fois, je dois respecter les choix de Martin Saint-Louis, car contrairement à certains d’entre vous, je n’ai pas démissionné du tout sur Saint-Louis le coach, au contraire.
Martin est dur à suivre par grands bouts, mais c’est un gars trop brillant et trop imbriqué dans la «game» du hockey pour qu’il ne s’en aille pas vers une destination qui va nous surprendre autant que nous plaire.
Bref, Monahan, alors que je ne m’y attendais plus du tout, le voici samedi soir à droite de Suzuki et Caufield au départ du match face aux Red Wings!
La force d’une surprise tient de son caractère inattendu. Laissez-moi vous dire que j‘étais aussi surpris que si mes parents m’avaient donné un char en cadeau de Noël à l’âge de 12 ans seulement.
Sur l’essentiel, l’effet de surprise a été total, ça m’a excité grand «a» toasté avant le match de samedi soir. Si j’avais eu la forme, je me serais précipité au temple pour assister à cette grandiose réunion qui permettait au Canadien d’afficher pour la première fois de la campagne un vrai premier trio digne de la Ligue nationale de hockey.
Monahan méconnaissable
Je remercie ma grippe d’homme, car la déception me guettait... Dans les faits, Monahan a disputé samedi soir un de ses pires matchs de la saison en cours.
Pas tant sur le plan statistique que dans les faits, ses actions et réactions étaient lentes, sa lecture plutôt tranquille, il n’a rien généré ou presque à égalité numérique et, bien honnêtement, il me semble ennuyé, assurément pas à 100%. Je n’aime pas le voir se ménager en patinant comme il le faisait samedi soir. Serait-ce ses hanches qui le font à nouveau souffrir? Monahan patine mieux et de manière plus fluide que le tracteur qu’on avait sous les yeux samedi soir.
Ceci n’est pas une critique de Monahan, comprenez-moi bien. Le gars a le droit d’être amoché, usé, c’est juste que ça ressemble si c’est le cas à une véritable tragédie dans la tragédie du Canadien. Il y a plus de malades dans notre club de hockey que dans «Le bon docteur», c’est épuisant.
Mais que ça a permis à Martin de coacher samedi soir. Pour moi, Saint-Louis est à la source du retour de 0-3 et 2-4 du Canadien dans ce match.
Il a flairé son banc, il a senti ceux qui voulaient lui en donner et ceux qui ne voulaient pas lui en donner. Monahan voulait probablement en donner, mais semblait incapable de le faire. On a vu un Joel Armia réveillé rejoindre Suzuki et Caufield à un certain moment donné.
Et j’approuve totalement. J’ai aimé cette décision. Un Martin qui coach rend son Canadien meilleur, ça nous a donné au final un excellent show, même si la cerise sur le sundae fut à l’honneur des Wings et de Jake Walman, qui y est allé d’une danse qui m’aurait rendu dingue si j’avais été un joueur du Canadien.
Un mot sur Justin Barron. J’aime beaucoup sa contribution offensive, on dirait un défenseur de 20-25 buts par saison, mais si pour chaque but scoré il en coute 3-4 aussi bêtement que samedi soir sur le but de Christian Fischer en désavantage numérique, on ne sera pas ben ben plus avancé.
Le Kraken ce soir, espérant que Martin et ses gars vont offrir une victoire aux partisans dans la place, question de leur enlever le goût de dépenser 195$ piastres de plus pour un «selfie» avec Youppi!