«La promesse d’une île»: Sophie Tal Men largue les amarres pour mieux se reconstruire


Marie-France Bornais
Larguer les amarres pour mieux se reconstruire. Voilà le thème sur lequel la formidable écrivaine et neurologue française Sophie Tal Men s’est penchée pour écrire son nouveau roman, La promesse d’une île. Elle a imaginé qu’un jeune urgentiste brisé par les missions humanitaires allait pratiquer la médecine dans un tout petit cabinet, sur une île de Bretagne. Et qu’il arrivait, au contact des gens et de la nature, à retrouver goût à la vie et foi en son métier.
La promesse d’une île, un roman émouvant, lumineux, captive instantanément. Il donne le goût du large, l’envie de partir immédiatement pour la Bretagne. Pour voir la mer, pour sentir le vent, pour rencontrer ses gens et savourer sa cuisine.
Écrivaine talentueuse, profondément altruiste, Sophie Tal Men raconte le destin d’Alexis, un jeune médecin qui a perdu la passion qu’il avait pour sa profession, après huit années passées en missions humanitaires, notamment en Syrie.
Au hasard des circonstances, il se retrouve sur l’île de Groix, dans le golfe de Gascogne, au large de Lorient. On lui demande de remplacer Yann, le médecin de famille local qui refuse de céder sa place pour se soigner lui-même.
Au contact de la nature sauvage, de la mer et du vent, et des habitants hauts en couleur de l’île, Alexis change. Petit à petit, il retrouve le plaisir de vivre et constate qu’il a une occasion en or de partir à neuf.
En trouvant les mots, le cadre, les personnages parfaits pour parler de résilience, Sophie Tal Men montre que l’entraide, la solidarité, la communication consciente, les valeurs profondes et le fait de prendre du temps pour soi permettent de changer profondément la vie des gens. Dans les romans, mais aussi dans la vie.
Inspirée par son père
L’écrivaine raconte comment est né son roman. « Je suis partie du personnage de Yann, qui ressemble beaucoup à mon papa : un médecin généraliste, qui redoute de prendre sa retraite, de lâcher ses patients. Son métier, c’est sa vie. Après, il fallait que je trouve un personnage en contraste avec Yann, plus jeune, qui, lui, n’a plus trop la vocation et ne veut plus trop exercer son métier. »

« J’ai cherché ce qu’il avait pu endurer. Je suis tombée sur des récits de médecins de guerre et je me suis inspirée de leur parcours. C’était aussi pour cette raison qu’Alexis ne voulait plus exercer son métier. Il pensait qu’il ne pourrait plus sauver des gens, faire du bien autour de lui. »
La romancière a une maison à l’île de Groix.
« J’y vais presque toutes les semaines pour écrire, pour me balader, pour décompresser. J’adore cette île. Ça a été très facile pour moi de camper le décor à Groix et j’ai eu beaucoup de plaisir à faire découvrir l’île aux lecteurs : la plage des Sables rouges, la chapelle au-dessus de la colline, la jetée avec la balise verte où les gens se disent au revoir, bonjour. Elle est illuminée la nuit, c’est comme un chemin de lumière. »
Ce qui aide à guérir
Sophie Tal Men parle de résilience, de nouveaux départs, mais aussi de la nature et de la puissance de son pouvoir guérisseur---.
« Toi, qui habites le Québec, tu dois le ressentir aussi ? La nature est très puissante chez vous, elle prend énormément de place ! » s’exclame l’écrivaine, qui a de la parenté dans la Belle Province.
Certains éléments peuvent être mis en place pour se sentir mieux, précise-t-elle.
« Je parle dans mon livre de la juste place. Choisir un environnement où on se sent bien. S’entourer de personnes aussi avec lesquelles on se sent bien, avec lesquelles on a envie d’aller de l’avant. »
- Sophie Tal Men est neurologue à l’hôpital de Lorient, en France.
- La promesse d’une île est son huitième roman.
- Elle a de la famille au Québec : son oncle habite à Montréal et sa belle-sœur, à Québec.
- Dans son roman Qui ne se plante pas ne pousse jamais, il y a quelques scènes qui se passent à Québec.
- Son prochain livre se déroulera en grande partie au Portugal.
- Elle est active sur Instagram.
EXTRAIT
« Alexis venait de repérer son sac à dos sur le tapis roulant. Ou plutôt une masse informe et brillante entourée de cellophane, revêtue d’autocollants de la douane – preuve qu’elle avait été contrôlée plusieurs fois. En la regardant avancer vers lui, au milieu des valises volumineuses, il l’avait trouvée absurde et avait hésité à lui tourner le dos. Ce sac était bien maigre comparé à la tonne de souvenirs emmagasinés ces huit dernières années. À quoi bon rapporter ces quelques habits râpés, s’il les jetait à peine arrivés ? »