Scandale SAAQclic: d’autres cas de «consanguinité» entre Karl Malenfant et d’anciens collègues

Raphaël Pirro
Un auditeur de la SAAQ a exposé vendredi plusieurs autres cas de contrats accordés à d’anciens collègues du directeur du projet SAAQclic, Karl Malenfant. Une situation qualifiée de «consanguinité» lors de la commission Gallant.
La situation était d’apparence tellement grotesque que cet auditeur interne, Martin Lapierre, a préparé un graphique illustrant les liens entre les uns et les autres dans cette nébuleuse de hauts fonctionnaires et de consultants qui ont «sauté la clôture» séparant le public du privé.
Il l’a présenté à son supérieur de l’époque, le président du comité de vérification, Jude Martineau. «Il y a de la consanguinité là-dedans», aurait commenté M. Martineau, selon l’auditeur.
«D’ailleurs, quand il a utilisé ce terme-là [consanguinité], c’est là que j’ai vu qu’il avait tout compris», a indiqué M. Lapierre.
Ce dernier a fini par démissionner en 2021, après avoir alerté que les coûts totaux de SAAQclic pouvaient dépasser le milliard.
«J’ai senti, à partir de l’été ou l’automne 2020, qu’on avait un peu moins d’écoute, moins d’appuis. J’ai décidé de quitter suite à ça.»
Le modus operandi exposé à la commission vendredi était assez simple: les appels d’offres semblaient écrits «sur mesure» pour des fournisseurs spécifiques qui, comme par hasard, appartenaient souvent à d’anciens collègues de Karl Malenfant.
Au milieu des années 2010, la SAAQ accorde deux contrats d’environ 1 M$ à d’anciens collègues de M. Malenfant à Hydro-Québec, Maurice Guénard et Éric Beauregard.
Pendant la complétion de ces contrats informatiques, la SAAQ embauche leurs conjointes respectives, soit Caroline Foldes-Busque, aujourd’hui à la tête de l’expérience numérique de la SAAQ, et Geneviève Tremblay, qui travaille dans le même département.
MM. Guénard et Beauregard seront aussi recrutés par la SAAQ à des postes de direction. Éric Beauregard a quitté la SAAQ plus tôt cette année.
Un autre cas ayant retenu l’attention est celui de Stéphane Mercier, un ancien collègue de Karl Malenfant à Hydro-Québec et à la firme R3D qui, curieusement, a été le seul fournisseur à se qualifier lors d’un appel d’offres aux critères très précis.
Mais un problème a rapidement émergé: la loi exige que les contrats à plus de 1 M$ soient accordés à des firmes ayant une autorisation de l’Autorité des marchés financiers. La firme de M. Mercier n’en détenait pas.
Quelques jours plus tard, le directeur du bureau de projet de SAAQclic, Sylvain Cloutier, a ordonné dans un courriel d’abaisser la valeur du contrat sous la barre du million. Finalement, Stéphane Mercier a décroché le contrat de 994 000$ en 2017.
Autre cas: Louise Savoie, une ancienne de la firme R3D, a participé à la rédaction d’un appel d’offres qui a été remporté par une alliance de compagnies comprenant une firme dénommée LGS. Rapidement, Mme Savoie a quitté son emploi pour rejoindre LGS.
Selon Martin Lapierre, la période de transition se compte en «jours» et non en années.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
La commission Gallant a été ajournée jusqu’à lundi après le contre-interrogatoire de M. Lapierre par l’avocat de la SAAQ Sébastien Laprise.
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