Scandale ArriveCAN: l’ancien patron de l’ASFC payé 500$ pour se préparer à un témoignage


Raphaël Pirro
L’ancien grand patron de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a reçu 500$ de la poche des contribuables pour se préparer à son passage en comité parlementaire sur le scandale ArriveCAN en début d’année.
John Ossowski, qui travaille maintenant pour la firme de cabinet-conseil PricewaterhouseCoopers, a dû signer un contrat comme «employé occasionnel» afin d’accéder à ses anciens courriels et son ancien calendrier.
Ça n’était pas pour «s’entendre sur la même version des faits» avec la nouvelle présidente de l’ASFC, Erin O’Gorman, mais bien pour fournir les réponses les plus claires possibles aux députés, s’est défendu M. Ossowski, invité à témoigner à nouveau au comité parlementaire des comptes publics, jeudi.
«Le fait de me fier à ma mémoire lors de ma première comparution devant le comité n’a pas très bien fonctionné pour moi. Il était donc important pour mes témoignages suivants d’avoir les faits et une certaine clarté dans mes affaires», a-t-il dit.
Il s’est dit ouvert à reverser les 500$ si le gouvernement le lui demandait.
Le flou demeure
C’est sous John Ossowski que l’ASFC a traversé la pandémie de COVID-19. Bien qu’il se dise «fier» de son travail, il a reconnu d’importantes lacunes, notamment dans le processus d’attribution des contrats et la vérification des dépenses.
Or, a-t-il assuré jeudi encore, ce dernier volet n’était pas de son ressort. Et malgré des dizaines de témoignages depuis deux ans, personne n’est en mesure de confirmer qui est le fonctionnaire qui a finalement signé le premier contrat avec GC Strategies pour le développement d’ArriveCAN.
Rappelons que l’application mobile aurait coûté près de 60 M$, un chiffre qu’il est impossible de confirmer hors de tout doute étant donné la quantité d’informations manquantes, selon la vérificatrice générale.
Des rencontres qui n’avaient pas lieu d’être
Par ailleurs, M. Ossowski a indiqué qu’il n’était pas au courant des événements sociaux auxquels ont pris part des fonctionnaires en compagnie de sous-traitants pour ArriveCAN, dont les deux propriétaires de GC Strategies.
Ces rencontres informelles, incluant la fameuse dégustation de whiskey en format virtuel, n’avaient pas été rapportées par les fonctionnaires à leurs supérieurs immédiats, ce qui va à l’encontre du code de déontologie des fonctionnaires.
«Si cela avait été porté à mon attention, il y aurait probablement eu une enquête et, en cas de malversation, une série de sanctions auraient dû être appliquées à la personne concernée», a affirmé M. Ossowski.
En comité mardi, l’actuel directeur par intérim de l’ASFC, Chulaka Ailapperuma, a avoué avoir «fait une erreur de jugement» en prenant part à cette dégustation de whiskey, organisée par GC Strategies en 2020, sans en avertir ses supérieurs.