Saveurs de vapotage: les dépanneurs ne sont pas la bonne cible

Michel Gadbois, Vice-président, Conseil canadien de l’industrie des dépanneurs
Québec envisage d’interdire la vente des saveurs de vapotage dans les dépanneurs. Mais bien que lutter contre le vapotage chez les jeunes est la bonne chose à faire, ils y vont à l’envers.
On prétend que les jeunes accèdent principalement aux produits de vapotage dans les dépanneurs, ce qui est faux. Les données de Santé Canada montrent que 88 % des jeunes qui vapotent accèdent à ces produits par l'intermédiaire d'amis, de parents, de boutiques de vapotage et de ventes en ligne, et non de nos magasins de détail.
Cela s’explique : nous sommes les détaillants les plus responsables en ce qui concerne la vente des produits pour adultes. Les propres données du Québec montrent un taux de conformité de 91 %. L'idée qu'on peut nous faire confiance pour vendre du tabac, de la loterie et de l'alcool de manière responsable, mais pas pour les saveurs de vapotage, est absurde.
Solution pour fumeurs adultes
Les dépanneurs peuvent faire partie de la solution pour les fumeurs adultes. Le vapotage est une alternative moins nocive au tabagisme et un outil utile pour réduire le tabagisme. Si on veut aider les fumeurs adultes à écraser, les dépanneurs sont en première ligne. Les fumeurs sont déjà habitués à acheter chez nous.
Pour les encourager à essayer le vapotage, une petite sélection d'arômes appropriés et approuvés par le fédéral devraient être disponibles aux mêmes endroits où les cigarettes sont vendues.
En excluant les dépanneurs du marché, le gouvernement ne fait que transférer les ventes au réseau parallèle de ventes illégales.
Vente sans taxes
On connaît déjà la « Plaza de la route 132 » à Châteauguay où une large gamme de produits illicites dont le tabac, le cannabis, l'alcool et l'essence sont vendus à prix réduit sans taxes.
Sans aucun doute, des produits de vapotage aromatisés illégaux deviendront rapidement disponibles dans une cabane à tabac près de chez vous. Ils seront alors vendus hors taxes à des revendeurs qui viendront s'y approvisionner.
Le gouvernement est également incapable de contrôler les ventes en ligne qui constituent une grande partie du problème en termes d'accès des jeunes.
Nous avons besoin d'un plan visant le vapotage qui accorde la priorité à la santé publique et limite l'accès des jeunes par des sanctions et une application accrue aux points de ventes autant au détail qu’en ligne. L’idée de faire des dépanneurs des boucs émissaires est profondément erronée et, en bout de ligne, fera beaucoup plus de mal que de bien. Les dépanneurs ne sont pas la bonne cible.

Michel Gadbois, Vice-président, Conseil canadien de l’industrie des dépanneurs