S’attaquer au vrai problème

Renaud Lavoie
Depuis une semaine, le dossier de la présence des joueurs québécois chez les Canadiens refait surface. Le fait qu’il n’y ait pas eu un joueur originaire de la Belle Province dans le match de lundi dernier, une première dans l’histoire de l’organisation, a lancé une véritable chasse aux sorcières.
Évidemment que les nombreux analystes (on pourrait remplir chaque siège du Centre Bell tellement il y en a) ont tiré dans toutes les directions. D’abord, on reproche aux Canadiens de ne pas avoir repêché de joueurs de la LHJMQ depuis l’arrivée de Marc Bergevin. Il en a repêché neuf au total, dont sept sont originaires du Québec.
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Comme Trevor Timmins l’a indiqué l’automne dernier, le seul joueur québécois qu’il aurait eu la chance de repêcher et qui a un impact dans la LNH est Anthony Beauvillier, qui a été repêché par les Islanders au 28e rang du repêchage de 2015. Deux rangs plus tôt, Timmins avait choisi Noah Juulsen, un défenseur qui serait facilement dans le top six des Canadiens s’il n’avait pas été victime de blessures. Bon joueur, Trevor Timmins avait indiqué que s’il pouvait revenir en arrière, il est évident qu’il aurait choisi l’attaquant québécois.
L’autre reproche adressé à Marc Bergevin, c’est de ne pas repêcher de Québécois à compter de la cinquième ronde. J’espère que vous êtes bien assis parce que depuis 2012, année ou Marc Bergevin est en poste, combien de joueurs québécois ont joué dans la LNH après avoir été repêchés à partir de la cinquième ronde ? Trois. Qui sont-ils ? Charles Hudon en 2012, Antoine Bibeau (quatre matchs au total) en 2013 et Samuel Blais en 2014. Pourquoi les Canadiens n’ont pas choisi Samuel Blais ? Parce qu’en cinquième ronde, ils ont pris Daniel Audette. En sixième ronde, les Blues ont parlé avant les Canadiens et ont repêché le joueur originaire de Montmagny.
Alors depuis 2012, combien de Québécois ayant évolué dans la LHJMQ ont été repêchés dans la LNH ? Quarante-cinq, dont cinq par les Canadiens et seulement deux ont joué plus de cinq matchs dans la LNH. Alors est-ce que Marc Bergevin aurait dû repêcher des Québécois en septième ronde juste pour acheter la paix, ou Jake Evans ainsi que Cayden Primeau sont de bonnes alternatives ?
De moins en moins de joueurs
Ce qui est dommage présentement, c’est que seulement 33 joueurs originaires du Québec ont joué plus de la moitié des matchs de leurs formations respectives cette saison et une cinquantaine ont joué au moins un match dans la LNH. Il y a donc de moins en moins de joueurs qui sont originaires d’ici et si vous pensez que c’est la faute des Canadiens, vous ne regardez pas dans la bonne direction.
Le premier ministre du Québec, François Legault, s’est permis de lancer la pierre dans la cour de Geoff Molson et Marc Bergevin la semaine dernière, mais s’il tenait tant que ça à voir des Québécois jouent dans la LNH, il devrait commencer à regarder ce qui se passe à Hockey Québec et dans le développement des jeunes qui se font de plus en plus rares à pratiquer le sport.
Et pour ceux qui pensent que Marc Bergevin n’aime pas les joueurs québécois, c’est lui qui a transigé pour obtenir les services de Phillip Danault et Jonathan Drouin. Sans oublier qu’il y a neuf joueurs québécois qui évoluent avec le Rocket de Laval présentement.
La fierté ne vient pas seulement d’ici
Je vous laisse avec la déclaration de Brendan Gallagher qui a commenté le débat sur le manque de Québécois chez les Canadiens. Encore une fois, selon plusieurs commentateurs, le manque de Québécois explique le fait que l’organisation n’a pas gagné la coupe Stanley depuis 1993, comme si la fierté n’appartenait qu’à un seul peuple. Voici ce que Gallagher (un joueur qui sacrifie son corps à chaque match pour son club) avait à dire sur le sujet et sa réponse mérite d’être lue.
«Je vais toujours défendre l’organisation à ce sujet. Dès le jour où j’ai été repêché par cette équipe, on m’a clairement indiqué c’était quoi l’histoire, la tradition et ce que ça représentait d’être un membre des Canadiens de Montréal. Je peux comprendre qu’il y ait des gens qui pensent que les joueurs francophones prennent plus à coeur l’équipe et comprennent plus ce que ça représente de jouer pour les Canadiens, mais c’est tout simplement faux. Je peux vous assurer que lorsqu’on met le chandail, tous les joueurs dans le vestiaire veulent représenter les Canadiens et la tradition qui vient avec. C’est spécial pour nous et ça représente beaucoup pour nous. Pas besoin d’être né ici pour le comprendre, nous savons ce que ça représente. Je viens de l’Ouest canadien, mais je comprends parfaitement la tradition, comme chaque autre joueur dans le vestiaire. L’organisation nous fait clairement comprendre l’importance de jouer pour les Canadiens de Montréal, ce que ça représente ainsi que son histoire. Sans oublier les joueurs qui étaient ici avant nous et qui ont rendu cette équipe si spéciale.»