Les victimes du Mont d'Youville se réjouissent de l'entente de 65 M$, mais certaines rappellent qu'elles seront brisées à vie

Pierre-Paul Biron
Des victimes de sévices au Mont d’Youville se sont dites satisfaites du règlement, mais insistent sur le fait que rien ne leur redonnera ce qu’elles ont perdu lors de leur passage dans cette prison qui garde toujours captive aujourd’hui leur enfance.
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«Ce n’est pas 300 000 ou 400 000 qui va me redonner ma foutue enfance», insiste Roch Drolet. «J’ai été là quatre ans et demi. J’en garde les cicatrices sur mon corps, mais aussi à l’intérieur.»
L’homme, qui a aussi entamé des procédures au criminel en lien avec les sévices vécus, espère un jour recevoir des excuses officielles. Tant des Sœurs de la Charité que du CIUSSS de la Capitale-Nationale et du gouvernement du Québec.
Il en a particulièrement contre le gouvernement, qui, avec sa réforme prochaine de l’IVAC qui limitera à trois ans les prestations, vient causer à lui et à d’autres victimes un important préjudice. Et ce, au moment même où ils retrouvaient une certaine paix d’esprit avec le règlement du recours collectif.
«Ça me met à terre. [...] Moi, comme des milliers d’autres personnes [sur l’IVAC], ça se termine en octobre. On ne sait pas après, c’est l’inconnu. On se ramasse dans la rue? Psychologiquement, je ne suis pas apte à retourner au travail», insiste celui qui est suivi chaque mois pour son diagnostic d’anxiété post-traumatique.
Éviter un long procès
Malgré tout, les victimes se sont toutes avouées satisfaites d’éviter le long procès qui se tramait devant elles.
Six mois à témoigner tout un chacun, mais surtout à être contre-interrogé par les défendeurs, cette possibilité inquiétait plusieurs des 600 inscrits.
«C’est une libération de pouvoir le faire individuellement devant un juge à la retraite», confie Christian Burgos, rappelant qu’au cours des dernières années, «la partie adverse a tout fait pour débarquer la chaîne».
«Depuis six ans, on vit une agression», ajoute Jean Simard, soulignant que ce sentiment se serait prolongé durant le procès.
Puis, les demandeurs s’évitent aussi de longs délais. Oui pour le procès de six mois, mais aussi pour les délais d’appels qui auraient suivi.
«Là, il y a un délai, il sera respecté et on va pouvoir vraiment, vraiment, passer à autre chose.»

Pour Jean Simard et Christian Burgos, cette finalité côte à côte, à se soutenir, est d’autant plus spéciale qu’ils ont affronté les sévices des éducateurs du Mont d’Youville ensemble.
«On fuguait pour se sauver de notre agresseur, ensemble.»
Bientôt, ils obtiendront justice, ensemble.
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