Saoule au volant dès le matin: la «prison» avec Netflix trop clémente, dit le juge
Les peines à domicile ont été instaurées en 1996, à l’époque où il fallait aller au club vidéo pour louer un film et où les réseaux sociaux n’existaient pas


Michael Nguyen
Une peine à la maison avec Netflix, Uber Eats et ses réseaux sociaux aurait été trop clémente pour une jeune chauffarde qui a blessé un automobiliste en conduisant saoule, a tranché un juge.
«Des archives illimitées sont maintenant à disposition sur Netflix. Uber Eats permet à un contrevenant de commander des poutines sans le moindre désagrément et de se les faire livrer à sa porte de sa “cellule” à domicile», a récemment affirmé le juge Dennis Galiatsatos.
Il rappelait ainsi que les peines à domicile n’étaient plus ce qu’elles étaient à leurs débuts, en 1996.
Le magistrat s’exprimait dans le dossier de Noémie Métivier, une jeune Montréalaise de 22 ans coupable de conduite dangereuse causant des lésions dans le quartier Hochelaga à l’été 2021.
Près d’un parc
Même s’il n’était que 10h du matin, la jeune femme avait déjà un taux d’alcool de plus de deux fois la limite permise même si son permis d’apprenti ne lui permettait de rien boire.
«Plusieurs témoins ont relaté que l’accusée manœuvrait de façon erratique et dangereuse et ne faisait aucun effort pour ralentir malgré la circulation dense», a expliqué le juge.
Circulant à 80km/h, elle a éventuellement percuté un autre automobiliste assez fort pour que les quatre roues du véhicule décollent du sol.
«Je suis un peu saoule», avait-elle admis aux policiers, avant de les insulter.
La victime avait été hospitalisée pour ensuite être en arrêt de travail. Sa voiture est une perte totale.
«Quatre ans après la collision, la victime éprouve toujours des douleurs chroniques importantes», a renchéri le juge.
Pas de Netflix
Plutôt que d’aller en procès, Métivier a finalement reconnu ses torts et demandé de bénéficier d’une peine de prison à domicile sous prétexte qu’elle a arrêté l’alcool, qu’elle regrette et qu’elle voudrait finir ses études pour «travailler auprès d’enfants malades.»
Or, cette mesure est moins punitive qu’à l’époque, a souligné le juge.
«Bien que les téléphones terrestres existaient à l’époque, les applications FaceTime et les sites de clavardage en ligne permettent maintenant au contrevenant d’être connecté avec tous ses amis, collègues, membres de sa famille et camarades de classe avec grande facilité», a-t-il renchéri.
Le juge a ainsi conclu qu’une telle peine ne serait pas appropriée et l’a condamnée à un an de prison ferme.
Une fois sa sentence purgée, il lui sera interdit de reprendre le volant pour une période de deux ans.