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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Santé Québec: rien ne va plus

Photo Agence QMI, JOËL LEMAY
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Photo portrait de Josée Legault

Josée Legault

2025-03-19T04:00:00Z
2025-03-19T04:20:00Z
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Rien ne va plus à l’agence Santé Québec. Chaque jour suffit à fournir des reportages inquiétants. Mise sur pied par le ministre Christian Dubé en mai 2024, cette superstructure est pourtant censée «gérer les opérations» du réseau public.

Objectif: rendre le réseau «plus accessible, plus efficace et plus humain» tout en dépolitisant sa gestion. Un vieux fantasme de gouvernements passés.

Santé Québec, dirigée par Geneviève Biron, une «top gun» issue du privé, cumule toutefois les ratés. Jusqu’à preuve du contraire, le vaisseau amiral du ministre Dubé prend des airs de Titanic en attente.

Frédéric Abergel, issu du public et le numéro deux de Santé Québec, a même été congédié par Mme Biron. Pourquoi? Mystère.

Santé Québec doit aussi sabrer $1,5 milliard de dépenses dans le réseau alors que les besoins au sein d’une population vieillissante explosent.

L’agence multiplie pourtant l’embauche de hauts gestionnaires à très hauts salaires. En y ajoutant les immenses organigrammes du ministère, la bureaucratie du mammouth de la Santé prend du poids au lieu d’en perdre.

Plus de gestionnaires, moins de personnel

Mardi, le ministre Christian Dubé a promis d’y voir. Ce n’est pas la première fois qu’il rappelle son agence à l’ordre. Comme quoi l’indépendance de Santé Québec, vantée comme une force, est plutôt faiblarde.

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Du même coup, Santé Québec coupe dans les services et abolit des postes d’infirmières et de préposés. Résultat: plus de gestionnaires et moins de personnel sur le terrain. Donc, moins de soins.

Un sondage réalisé pour le Collège des médecins montre d’ailleurs que plus de la moitié des Québécois se sont privés de consulter un médecin dans la dernière année par manque d’accès au réseau public.

Sans surprise, il confirme aussi la montée fulgurante des services privés payés directement de la poche des patients. Le Québec est la seule province dont le système de santé est à deux vitesses.

Et que dire de la médecine familiale et des services sociaux? Sont-ils sur le radar de Santé Québec? Et le virage numérique après le scandale SAAQclic?

Inefficace

Sur les projets de technologies de l’information, une lettre circulaire envoyée au réseau par Mme Biron fait état de «constats préoccupants» et de «dépassements de coûts» majeurs.

Pour le gouvernement Legault, miné par la crise du logement et de l’itinérance, les gâchis SAAQclic et Northvolt, les ratés de Santé Québec, s’ils ne cessent pas, n’augurent rien de bon.

À l’opposé, en Angleterre, le premier ministre travailliste, Keir Starmer, abolit le National Health Service (NHS). Créée par les conservateurs en 2012, cette agence, comme Santé Québec, devait gérer et dépolitiser le réseau de la santé.

Or, le NHS s’est avéré inefficace, trop coûteux, trop centralisé, trop bureaucratisé et non imputable à la population.

Le problème, constate M. Starmer, est que les élus avaient «choisi de se cacher derrière de vastes réseaux d’organismes parapublics», dont le NHS.

L’agence Santé Québec est elle aussi coûteuse, centralisée, bureaucratisée, non imputable et sans résultats notables jusqu’ici. Si Mme Biron ne redresse pas son gouvernail, sous un prochain premier ministre, Santé Québec risque fort de passer à la trappe comme le NHS.

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