Santé Québec: la patente qui grossit
On voulait un jaguar, on a un hippopotame!


Richard Martineau
Ainsi, le ministre Christian Dubé est surpris qu’il y ait autant de fonctionnaires à Santé Québec.
«C’est pas normal, dit-il. J’avais pourtant été très clair: je veux une petite équipe agile qui est capable de se revirer rapidement.»
Vous avez bien lu: c’est en lisant Le Journal que monsieur Dubé s’est rendu compte que la patente qu’il a mise sur pied gonfle et se dilate.
Si ce n’était de l’enquête de mes collègues, il ne l’aurait jamais su.
Je vous rappelle que Christian Dubé est le ministre de la Santé.
Le gars qui, dans l’organigramme du ministère, est situé en haut de la top gun de Santé Québec.
Le top gun des top guns.
PIF GADGET
Que voulez-vous: la bureaucratie est un monstre.
Tu installes un bureau dans une salle, et il y en a 10 le lendemain.
Ça pousse comme de la mauvaise herbe.
«Une petite équipe»? Qui se retourne sur un dix cennes? Au Québec?
Faites-moi rire!
La SQDC devrait demander à monsieur Dubé le numéro de téléphone de son pusher, car il en fume du bon!
Depuis quand on privilégie la minceur, au Québec?
L’agilité, l’efficacité?
Pourquoi se procurer un jaguar quand on peut avoir un hippopotame?
L’enflure de Santé Québec était écrite dans le ciel en lettres de feu dès le premier jour.
Car la bureaucratie n’est pas au service des citoyens.
La bureaucratie est au service d’elle-même.
Tu ouvres un département, et quelques mois plus tard, tu te retrouves avec plus de cadres qu’il y en a dans les entrepôts de Portes et Fenêtres Verdun.
Des cadres, en veux-tu, en v’là!
Ça se multiplie comme des lapins.
Un assistant-directeur pour chaque directeur d’assistant.
Et un adjoint de secrétaire pour chaque secrétaire d’adjoint.
Quand j’étais jeune, j’achetais le magazine Pif Gadget. On y trouvait toujours un jouet, un drôle de bidule.
Un jour, c’était un sachet contenant de la poudre.
Tu versais la poudre (en fait, des œufs microscopiques de crustacés) dans un bol, et quelques jours plus tard, t’avais un paquet de petites créatures qui nageaient.
«La poudre de vie!», qu’on nous disait.
«Vous pouvez créer de la vie à partir de rien!»
Eh bien, c’est comme ça que fonctionne la bureaucratie.
Tu dessines une «petite équipe efficace» et tu te retrouves avec une baleine.
Le mégalodon.
Que tu dois nourrir.
Avec de la chair de fonctionnaires.
«Encore! J’ai faim! Encore!»
L’ÉTAT AU GYM?
«Il ne faut pas imposer une cure minceur à l’État, il faut l’envoyer au gym pour qu’il devienne plus fort, plus efficace», disait Jean-François Lisée lorsqu’il était chef du PQ.
Je m’excuse, mais actuellement, il n’y a pas un tapis roulant assez gros pour accueillir l’État québécois.
On va avoir besoin d’une grue juste pour le sortir de son lit.
Il veut se remettre en forme? Qu’il commence par perdre du poids.
Dans la situation actuelle, l’État québécois monte sur le tapis roulant et la machine fait des free games.
Comme disent les experts: c’est pas OU le sport OU une meilleure alimentation.
C’est les deux.
La cure minceur ET le gym.