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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Santé: les agences de placement se battent pour leur vie

Photo d'archives, Agence QMI
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Gabriel Côté

2023-03-14T09:00:00Z
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L’interdiction des agences privées de placement aurait des conséquences tragiques pour le réseau de la santé et en particulier pour la première ligne, prévient l’Association des entreprises privées de personnel soignant du Québec (EPPSQ).

«Se priver de l’apport des près de 11 000 travailleurs qui ont choisi de travailler en agence annonce une tragédie qui frappera ceux qui en ont le plus besoin, les patients», affirme l’EPPSQ dans le mémoire qu’elle présentera mardi dans le cadre des consultations sur le projet de loi du ministre Dubé visant à «libérer» le réseau de la santé des agences privées.

Ce projet de loi 10 prévoit que les organismes de la santé et des services sociaux ne pourront plus avoir recours aux services de ces agences ni à de la main-d’œuvre indépendante, sauf dans certains cas prévus dans les règlements du gouvernement.

Or, une telle interdiction pourrait s’avérer inconstitutionnelle, car elle pourrait affecter le droit de la population à la vie et à la sécurité en «dépossédant» le réseau public de près de «11 000 ressources qualifiées offrant des soins aux Québécois», se défend l’EPPSQ.

Manque de personnel

L’association met d’ailleurs en garde le gouvernement que l’interdiction du recours aux agences pourrait accentuer la pénurie de main-d’œuvre dans le réseau de la santé.

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Elle cite à l’appui un sondage qu’elle a elle-même mené auprès de ses membres qui atteste qu’une part importante du personnel ayant quitté le réseau public pour travailler au privé ne retournera pas dans le réseau advenant l’abolition des agences.

Gestion

Qui plus est, les maux du réseau de la santé ne seraient pas attribuables aux agences, qui pointent plutôt du doigt la défaillance de la «culture organisationnelle» qui y prévaut, ainsi que les problèmes de gestion qui sont l’un des «effets pervers de l’hypercentralisation».

Selon l’EPPSQ, les établissements de santé sont parfois contraints, pour éviter des bris de service, de contourner des appels d’offres «qui ne fonctionnent pas sur le terrain», et de faire appel à des fournisseurs qui ne sont pas soumis aux «mêmes règles de probité».

  • Via QUB radio, l’infirmière Enya Jaime décrit son métier en agence privée au micro de Philippe-Vincent Foisy:

Coûts

Selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux, les coûts reliés à la main-d’œuvre indépendante en santé ont augmenté de 380% au Québec entre 2016 et 2022, notamment en raison du recours toujours plus important du réseau public aux agences de placement de personnel.

De son côté, l’EPPSQ prétend que «même au plus fort de la pandémie», il y a eu une différence de seulement 0,5% entre la rémunération du personnel du réseau de la main-d’œuvre indépendante et celle du personnel du réseau public.

Et si la rémunération en région éloignée est plus élevée, c’est parce que les agences doivent payer le logement, le déplacement et l’indemnité au personnel qui est déployé, se défend l’association.

Quelques solutions proposées par les agences de placement:

  • Élaborer une liste de fournisseurs accrédités par le gouvernement du Québec.
  • Créer une table de concertation pour veiller au maintien et à l’évolution de l’encadrement réglementaire.
  • Définir clairement ce qu’est une agence de placement de personnel soignant.
  • Ne pas seulement appliquer le principe du soumissionnaire le plus bas, mais réinstaurer des standards de qualité dans les appels d’offres publics pour des soins de santé.
  • Tenir compte des réalités régionales pour permettre une structure de prix adaptée aux réalités du territoire québécois.
  • Établir une structure de prix afin d’évacuer les risques de débordement et les prix anormalement élevés.
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