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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Santé: l’austérité au public, mais pas pour les contrats au privé...

Photo d'archives, Agence QMI
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Photo portrait de Josée Legault

Josée Legault

2025-02-11T05:00:00Z
2025-02-11T05:15:00Z
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Pendant que l’agence Santé Québec sabre 1,5 milliard $ dans le réseau public de santé et services sociaux, ses «top gun» venus du privé distribuent de généreux contrats à une brochette de contractuels et de firmes privées.

Lundi, Le Journal rapportait qu’il y en avait déjà pour plus de 3 millions $ en fonds publics. Pour faire quoi? Pour l’«aider» à gérer le mastodonte de la santé alors que la «gestion» est au cœur du mandat de Santé Québec.

Même l’ex-PDG du CISSS de Lanaudière démis de ses fonctions en 2020 après le décès de Joyce Echaquan sous des insultes racistes recevrait plus de 100 000$ comme conseiller stratégique senior.

Un contrat de 103 000$ donné à une firme de marketing sert même à aider Santé Québec à définir sa propre mission. Laquelle avait pourtant été précisée par son géniteur Christian Dubé, ministre de la Santé.

C’est aussi inquiétant que si Michael Sabia avait senti le besoin d’embaucher des firmes privées pour lui expliquer «comment gérer» Hydro-Québec.

De deux choses l’une. Soit qu’on est en Absurdistan. Soit que les dirigeants de Santé Québec, néanmoins fort bien payés, ne savent pas comment conduire leur galère. Le temps saura trouver la réponse.

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Plusieurs voix craignaient aussi qu’au lieu de décentraliser enfin le réseau public, Santé Québec serait plutôt l’ultime superstructure venant chapeauter les méga CIUSSS et CISSS, eux-mêmes déjà archicentralisés.

Confusion

Cette superstructure, en plus de servir à déresponsabiliser les élus, nourrit également la confusion sur le plan décisionnel. Dans les établissements et pour le personnel. Confusion aussi entre Santé Québec et le ministère, occupés à se relancer la balle.

Mais qui décide quoi? Qui gouverne qui? Qui tient le couperet et où tombe-t-il dans les services directs à la population? C’est un mystère.

Pendant ce temps, les médias rapportent des exemples concrets de coupures de services imposées souvent aux personnes les plus vulnérables – un réflexe tristement classique de gestionnaires.

Mais comment savoir qui tire vraiment les ficelles? Comme disent les Londoniens, le brouillard ici est épais comme de la soupe aux pois.

Vendredi, à l’Assemblée nationale, Christian Dubé était convié à une interpellation de deux heures demandée par le député libéral André Fortin. Là encore, le ministre s’est fait évasif.

Talon d’Achille

Le sujet des échanges avec les partis d’opposition était pourtant clair: «La dégradation et la déshumanisation des soins de santé après sept ans de gouvernement caquiste». Un constat-choc fait aussi l’an dernier par le Protecteur du citoyen.

Il est vrai que personne ne doute de la bonne foi du ministre Dubé. La réalité sur le terrain est cependant moins jolie. Les réformes se multiplient, mais l’accessibilité, la qualité et l’humanité des soins et des services sociaux continuent de se détériorer.

Résultat: la dissonance entre le discours gouvernemental et les résultats concrets pour les Québécois est colossale.

Le seul gagnant est l’expansion constante d’un réseau privé parallèle de soins, chirurgies et soutien à domicile où les «clients» paient directement de leur poche ou de leurs assurances privées.

Le Québec est la seule province où les citoyens subissent une telle iniquité économique en santé et services sociaux. Dans une société aussi vieillissante que la nôtre, c’est la chronique d’un désastre social annoncé.

C’est pourquoi s’il ne redresse pas le réseau public, pour vrai, aux élections de 2026, le talon d’Achille de la CAQ, il sera précisément là.

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