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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Sans un vrai grand patron chez Hydro, on navigue à l’aveuglette

Le ministre de l’Énergie Pierre Fitzgibbon, le 8 avril dernier, lors d’un point de presse au sujet des pannes provoquées par la tempête de verglas survenue quelques jours plus tôt.
Le ministre de l’Énergie Pierre Fitzgibbon, le 8 avril dernier, lors d’un point de presse au sujet des pannes provoquées par la tempête de verglas survenue quelques jours plus tôt. Photo d’archives
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Photo portrait de Michel Girard

Michel Girard

2023-04-15T04:00:00Z
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Sophie Brochu a officiellement quitté son poste de PDG d’Hydro-Québec cette semaine. Et trois mois après l’annonce de son départ, le gouvernement de François Legault n’a pas encore trouvé la personne clé qui va remplacer Mme Brochu à la tête de la plus importante société d’État québécoise.  

Je n’ai rien contre Pierre Despars, le vice-président exécutif, Stratégies et développement d’Hydro, que François Legault vient de nommer à titre de PDG par intérim d’Hydro-Québec. Cette nomination temporaire n’en fait pas pour autant le grand patron qui sera appelé à ré...énergiser la société d’État pour l’avenir, tout en réglant des problèmes aussi terre-à-terre que la grande vulnérabilité du réseau d’Hydro-Québec face au verglas.  

Faute d’un PDG bien ancré dans son rôle de grand patron d’Hydro, on a eu droit pendant la verglaçante crise électrique aux réactions improvisées du ministre Pierre Fitzgibbon, à qui François Legault a confié le mandat de mettre Hydro-Québec à sa main. 

Pas mieux qu’en 1998

Cela dit, vingt-cinq ans après la tempête de verglas du siècle qui a paralysé une grande partie du réseau d’Hydro-Québec en 1998, on reste toujours aussi vulnérable face au maudit verglas.  

Lors de la tempête de verglas de la semaine dernière, ce n’est pas l’effon-drement de pylônes qui a entraîné plusieurs régions du Québec dans le gros trouble, mais plutôt les bris d’arbres verglacés. 

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Ce sont en effet les bris d’arbres verglacés qui ont généré les innombrables pannes d’électricité, après être tombés sur les fils électriques. Au pire de la crise, pas moins de 1,1 million de foyers étaient dans le noir et, pour la grande majorité d’entre eux, sans chauffage. 

Si une importante portion des fils d’Hydro-Québec avaient été enfouis, d’innombrables pannes d’électricité auraient évidemment été évitées.  

La question qui s’impose : pourquoi, durant les 25 années qui ont suivi la tempête du siècle, Hydro-Québec ne l’a pas fait ? La réponse simpliste qu’on nous a servie : l’enfouissement généralisé des fils du réseau d’Hydro, ça coûte trop cher !  

Et il ne faut pas compter sur le nouveau ministre responsable d’Hydro-Québec, le super ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, pour virer de cap et investir dans l’enfouissement des fils. 

  • Écoutez la chronique économique de Michel Girard, chroniqueur économique au Journal de Montréal et au Journal de Québec au micro de Philippe-Vincent Foisy sur QUB radio : 

Fitz dit non à l’enfouissement

Selon Fitzgibbon, le nouvel « homme fort » d’Hydro-Québec, « Enfouir les fils électriques n’est pas la solution », a-t-il affirmé. Ah bon ! Je m’excuse, monsieur Fitzgibbon, mais en vertu de quelle expertise pouvez-vous affirmer que ce n’est pas la solution pour régler les pannes d’électricité attribuables aux tempêtes de verglas ?  

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À ce que je sache, se faire « couronner » du chapeau de ministre responsable de l’Énergie ne fait pas de Pierre Fitzgibbon un expert en matière de distribution d’électricité.  

Que le ministre Fitzgibbon dise que l’option de l’enfouissement des fils est une option très coûteuse. Pas de problème.  

« Allons-nous mettre 100 milliards $ pour l’enfouissement global au Québec ? La réponse est non. Ce ne serait pas raisonnable parce qu’Hydro-Québec a déjà 90 milliards sur son bilan d’actifs. Il faudrait doubler le nombre d’actifs », a affirmé le ministre Fitzgibbon. 

Il a déclaré à l’émission de Paul Arcand (au 98,5 FM) que l’enfouissement des fils revenait à 3 millions $ par kilomètre à comparer à 100 000 $ par kilomètre de fil aérien. 

Mais que le ministre nous dise que l’enfouissement des fils, « ce n’est pas la solution », alors là je l’inviterais à se garder une petite gêne.

  • Écoutez la chronique économique de Michel Girard, chroniqueur économique au Journal de Montréal et au Journal de Québec au micro de Philippe-Vincent Foisy sur QUB radio : 

La réplique d’un expert

En entrevue à La Presse, Normand Mousseau, professeur de physique et directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier à Polytechnique Montréal, a déclaré que le chiffre de 100 milliards du ministre Fitzgibbon « ne représente rien » parce que « personne ne défend » cette idée. « Ce qui serait souhaitable, ce sont des enfouissements ciblés, dit-il. Par exemple, en ville ou en banlieue, dans les quartiers denses, on pourrait le faire. Ça coûte un peu plus cher, mais ça nous donnerait un réseau plus fort parce que les pannes dans ces endroits affectent beaucoup plus de monde qu’à la campagne. » 

Priorité à l’émondage

Par ailleurs, si ce sont les bris d’arbres verglacés qui ont occasionné le gros des pannes électriques la semaine dernière, qu’attend Hydro-Québec pour investir massivement dans l’émondage des arbres et ainsi combler les retards en cette matière.  

Coupez-les, les branches qui traînent sur les fils. 

Économiser des bouts de chandelles dans l’émondage des arbres, c’est ridicule de la part de la plus prospère des sociétés d’État.

 

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