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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Sandro Grande: trop peu trop tard

Gabriel Gervais, président et chef de la direction du CF Montréal.
Gabriel Gervais, président et chef de la direction du CF Montréal. Joël Lemay / Agence QMI
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Photo portrait de Josée Legault

Josée Legault

2023-01-10T20:47:55Z
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Lundi soir, le CF Montréal annonçait avec fierté la nomination de Sandro Grande au poste d’entraîneur-chef de son équipe réserve. Il saluait même au passage sa « maturité professionnelle ». Oups.

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Comme seul bémol, une citation byzantine de Grande : « J’ai fait de graves erreurs il y a plusieurs années et je suis profondément désolé d’avoir manqué de respect à qui que ce soit. »

Grande refusait de préciser de qui et de quoi il parlait au juste. Dans la classe politique, on le savait néanmoins trop bien. Le premier à réagir fut le chef du Parti Québécois, Paul St-Pierre Plamondon, suivi en toute solidarité par le premier ministre Legault et les autres partis. 

En 2012, après l’attentat assassin au Métropolis, Grande avait écrit ceci sur Twitter : « La seule erreur que le tireur a commise la nuit dernière, c’est de rater sa cible ! (Pauline) Marois ! La prochaine fois mon gars ! J’espère ! »

Il ne fut pas accusé d’incitation à la haine et au meurtre de la première ministre du Québec. Peut-être parce qu’il jure depuis que son compte avait été piraté.

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Or, mardi midi, Gabriel Gervais, président du CF, a reconnu que ces propos odieux étaient bien ceux de Grande. S’il avait quand même choisi de passer l’éponge, c’était dans l’espoir, dit-il, de lui donner une « deuxième chance ».

C’est pas sérieux

Une « deuxième chance » ? Grande continuait pourtant de mentir sur le soi-disant piratage de son compte twitter. Il n’a même jamais daigné présenter d’excuses publiques à Pauline Marois. Jamais comme dans jamais.

Grande s’était aussi fendu sur Facebook d’insultes dégradantes contre les souverainistes en les traitant d’idiots finis et de vulgaires culs-terreux. Tout cela était connu de la direction du CF Montréal. Le vrai problème, il est là.

Impossible d’imaginer la même nomination d’un joueur qui, dans le passé, aurait souhaité la mort de qui que ce soit d’autre que Pauline Marois, première femme première ministre et cheffe du Parti Québécois.

Bien que ça crève les yeux, Gabriel Gervais s’entêtait hier à répéter sa ligne mal ficelée. À savoir que le jugement du CF avait été « altéré » par la volonté de donner une deuxième chance à Grande.

Désolée, ça ne passe pas. Nommer un incompétent aurait été une « erreur de jugement ». Nommer Grande en toute connaissance de cause est une faute nettement plus grave. Tant sur le plan éthique que moral.

Une faute grave

C’est une faute grave, parce que si Gabriel Gervais n’avait pas été obligé sous haute pression de congédier Grande 15 heures à peine plus tard, sa nomination comme entraîneur-chef aurait fortement contribué à banaliser le caractère haineux et violent de ses propos visant Pauline Marois.

Doit-on aussi rappeler à la direction du CF que nous baignons aujourd’hui dans un climat toxique de menaces violentes contre les élus et de multiplication des féminicides ?

Pour ne pas l’avoir compris, M. Gervais, qui dit prendre l’entière responsabilité de la nomination initiale de Grande, vivrait-il à ce point sur une autre planète ?

Doit-on aussi rappeler à Joey Saputo, propriétaire du CF, qu’un autre ex-premier ministre et ex-chef du PQ, un certain Lucien Bouchard, a également déjà siégé au conseil d’administration de la compagnie familiale Saputo ?

Si la haute direction du CF de Montréal était le moindrement cohérente, M. Gervais quitterait son poste à son tour. Et vite. Question d’ouvrir les fenêtres d’une organisation qui, de toute évidence, en a urgemment besoin.

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