Salut nazi: le maire Bruno Marchand devrait s’excuser auprès de la citoyenne


Karine Gagnon
Dans la mesure où il croit la citoyenne de Québec lorsqu’elle nie vigoureusement avoir fait un salut nazi lors du dernier conseil municipal, la moindre des choses à faire, de la part du maire Bruno Marchand, aurait été de s’excuser.
Résidante du quartier Saint-Jean-Baptiste, Vicky Lépine s’est présentée au micro à l’invitation du président du conseil, mardi, pour y poser une question.
Elle avait pris soin de noter sa déclaration, semblait nerveuse et émotive, et a tendu le bras à plusieurs reprises en énumérant des informations, a-t-elle dit. Elle a expliqué qu’elle agissait ainsi dans le but que la personne à qui elle allait s’adresser, soit Pierre-Luc Lachance, vice-président du comité exécutif, la trouve crédible. À quelques reprises, Mme Lépine avait un doigt pointé, et à d’autres les doigts collés.
Lors de cette intervention à laquelle la citoyenne faisait référence, survenue le 21 janvier, M. Lachance s’était lancé dans une longue et étrange litanie sur les problèmes dans le quartier Saint-Roch, où il a résidé. «Un test social» pour ses collègues, avait-il annoncé.
Entre chaque phrase, le bras droit du maire levait la main avec le doigt qui pointe en disant: «moi». Ses questions allaient de «qui a déjà ramassé des excréments sur sa maison ou celle de son ami», à «qui a déjà ramassé des seringues souillées», ou «qui a déjà subi une invasion de sa résidence avec une personne en état de...», et j’en passe.
Ce faisant, le conseiller s’est trouvé à dépeindre un portrait du quartier pas mal plus épouvantable que tout ce que les médias ont pu rapporter ces derniers mois.
Dire que le maire et lui reprochent à l’opposition de nuire au secteur en parlant des problèmes qui y sont observés... En termes de maladresse politique, c’est dur à battre. Le visage de ses collègues autour en disait d’ailleurs long sur leur propre malaise. Tout le monde paraissait se demander où il voulait en venir.
Sensible aux critiques
Pour en revenir au conseil de mardi soir, au terme de la question de la citoyenne, le maire a refusé de répondre, lui reprochant d’avoir fait un salut nazi, ce qui évidemment serait inacceptable.
Le problème, c’est qu’immédiatement, la citoyenne a nié avoir fait ce geste et a expliqué qu’elle imitait M. Lachance lors de son intervention au conseil. Ni le président, ni le chef d’opposition Claude Villeneuve, ni la conseillère Jackie Smith, pour ne nommer que ceux-là, n’ont interprété que Mme Lépine faisait un salut nazi.
Mme Smith a d’abord sourcillé, mais a vite compris qu’il s’agissait d’une imitation de M. Lachance. Le maire n’avait sans doute pas vu l’étrange intervention de son collègue, le 21 janvier, puisqu’il n’était pas dans la salle du conseil à ce moment-là.
Mais M. Marchand, qui accepte très mal de se faire critiquer, a été piqué au vif par la citoyenne qui blâmait son bras droit. Il a sauté aux conclusions et la citoyenne subit aujourd’hui le préjudice des lourdes allégations qu’il a fait peser sur elle.
L’élection de Donald Trump et l’arrivée dans le décor d’Elon Musk, l’homme au salut nazi, créent des remous et sèment la panique jusque chez nous. C’est précisément pour ça que nous avons besoin de politiciens dosés qui font la part des choses.