«Salut, je m’appelle Denis, je suis un alcoolique et un toxicomane »: le député et acteur Denis Trudel se confie pour la première fois sur sa sobriété

Jonathan Tremblay
Le député du Bloc Québécois et acteur Denis Trudel a souligné ses 30 ans de sobriété mercredi, évoquant publiquement pour la première fois ses problèmes de consommation en espérant que sa tribune lui permette d’envoyer un message d’espoir.
«J’ai une fonction en vue, alors je me suis dit: “peut-être que ça peut inspirer d’autres personnes”», a confié au Journal le député de la circonscription de Longueuil–Saint-Hubert, peu après avoir publié un long message sur la plateforme X.
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Dans cette publication à laquelle il aurait songé durant quelques mois, celui qui a été élu aux élections de 2019, puis réélu en 2021, a révélé être «un alcoolique et un toxicomane», dont la date la plus marquante restera le 27 décembre 1993, jour où il a cessé de consommer.
Salut, je m’appelle Denis
— Denis Trudel (@trudel_denis) December 27, 2023
Je suis un alcoolique et un toxicomane
Le 27 décembre 1993 est la journée la plus importante de toute ma vie
C’est le jour où, vaincu par la souffrance, j’ai finalement pris la décision de cesser de consommer toutes substances qui altèrent le… pic.twitter.com/0xstAniqK2
«La dépendance mène le plus souvent à la rue, en prison ou à la morgue. C’est une fêlure de l’âme fondamentalement irréparable», a écrit l’homme de 60 ans.
«Quand il arrive une substance, elle apaise cette douleur-là. Mais elle amène des conséquences pires que le mal qu’elle veut soulager, nous a-t-il expliqué. Ce n’est pas une solution.»
Manipulation, mensonges et tromperies
C’est à la mi-vingtaine que le comédien de 35 ans de carrière, qu’on a notamment connu dans les films Octobre et La lâcheté, a dit avoir sombré dans la drogue.
«Ce que je consommais le plus, c’était la cocaïne. C’est rapidement devenu un problème avec mes proches. Quand t’es dépendant, t’en arrives à la manipulation, aux mensonges, aux tromperies. Je n’étais pas bien là-dedans du tout», a raconté Denis Trudel.

«Un matin, je me suis vu dans un miroir, et j’étais vert, translucide. J’avais les yeux exorbités, a-t-il poursuivi. Je me suis dit: “bon, si je ne fais rien, je vais mourir”.»
«Ç’a été un déclencheur», a lancé le natif de Shawinigan, qui a participé à de nombreux groupes de consultation anonyme et est allé en thérapie à La Maison Jean Lapointe.
Ce dernier n’avait toutefois jamais cru nécessaire d’en parler publiquement auparavant. Or, ce ne serait pas parce qu’il considérait que le sujet était tabou.
«Je trouvais que ça ne concernait pas personne d’autre, a affirmé le député. Les gens autour de moi savent. Dans les partys, je ne bois pas. Je ne m’en cachais pas. À ceux qui me voyaient boire du Perrier et me posaient la question, je répondais.»
Il s’est néanmoins dit agréablement surpris de la réaction générée par sa révélation.
«Je suis content. Les gens sont très touchés. Ils trouvent ça inspirant, a-t-il constaté. Avec la crise des opioïdes, il y en a plein qui sont pognés avec ces problèmes-là, et beaucoup qui ne s’en sortent jamais. Mais il y a de l’espoir. C’était ça, mon message.»

Pas guéri
Par ailleurs, Denis Trudel a indiqué être conscient de ne pas être guéri de toute dépendance.
«Député, c’est la job parfaite pour être un workaholic. Tu peux travailler 200 heures par semaine, si tu veux. Je le fais des fois. Mais bon, ça, c’est moins dommageable pour ma santé», a conclu en riant celui qu’on a récemment vu jouer dans les séries Victor Lessard et Désobéir: le choix de Chantale Daigle.
Si vous avez besoin d'aide:
Alcooliques Anonymes - https://aa-quebec.org/aaqc_wp/
Narcotiques Anonymes - https://naquebec.org
Répertoire des ressources en dépendances au Québec